Il ferroviere e il golden gol (The railwayman and the golden goal)

Un cheminot des Pouilles, âgé d’un peu plus de trente ans, obsédé par le football, mène une existence simple, qui semble elle aussi rouler sur des rails, mais il rêve chaque jour de dériver sur le côté comme le plus imaginatif et le plus vif des ailiers droits. Lorsque les Chemins de fer du Sud-Est le lâchent, son univers, décomposé et recomposé par une langue géniale, semble dérailler. Son frère Leone, plein d’énergie bien que confiné dans un fauteuil roulant, tente de l’aider en l’enrôlant comme acolyte pour des spots spectaculaires de télé-achats de meubles sur une chaîne locale. Mais cette aide (ou ce tourment) ne suffit certainement pas à donner un sens aux journées du cheminot, qui commence à errer dans les champs de province ensoleillés et désolés, à la recherche des talents en herbe du football italien. « La jeunesse était collée à la sueur de ces garçons comme Gentile à la chemise de Zico », nous dit-il avec l’une de ses étonnantes métaphores, alors qu’à son tour il est collé à ces garçons comme un naufragé accroché à une planche. Car le chômeur rêve de devenir rien de moins qu’un recruteur pour l’équipe de la Juventus de Lippi et Del Piero (et il rêve aussi de devenir l’amant de Lisa, la femme de Leone). Sa passion est si forte que, contre toute logique, il réussit à transformer son désir en réalité, ou plutôt en un mensonge plus vrai que la vérité, en une baliverne capable d’opérer, au moins pour un instant, un miracle.