La scatola onirica
par Cucchi, Maurizio
L’œuvre de Maurizio Cucchi s’aventure vers de nouveaux horizons. Dans cette Scatola onirica (Boîte onirique), outre l’exploration d’un nouvel espace topographique – la Casa Cucchi, localité située dans la province de Pavie –, l’artiste décline sa quête identitaire au cours d’un voyage plus audacieux, vers une langue primitive, jusqu’au « murmure primitif » de l’« homo ergaster ». Divisée en sept sections, La scatola onirica s’ouvre sur les connexions fragmentaires d’un ancien « quartier de lignage », siège de peuples encore étrangers à l’« homo oeconomicus », réalité dans laquelle la tension éthique s’exprime toujours à travers une « géographie du minimum ». Mais la Casa Cucchi n’est que le lieu préparatoire de retours mémoriels, accordés par la dimension du rêve. Ce n’est pas un hasard si la deuxième section, « Macchina onirica », nous renvoie à l’antithèse entre le sommeil et la veille, intervalle où le passé et le présent se soudent. Le sommeil dilate l’épopée d’un fragment riche en conjonctions, presque une unité tant désirée par rapport à la « précarité de l’être » du réel. Tout est ramené au potentiel illimité (et inconnu) de l’esprit, au point d’en remettre en question l’existence dans le dernier chapitre, « Mente cielo materia ». D’autre part, peu de poètes comme Maurizio Cucchi savent habiter l’espace frontal du tragique, avec une légèreté désinvolte, jamais protégés par des alibis consolateurs. Dans « Sfiorando l’afasia », réapparaît un personnage lointain comme Sabatino, obsédé par l’étymologie, la même qui nous conduit à des contradictions sémantiques évidentes qui se développent dans la mobilité des thèmes et la multiplicité métrique et prosodique. Une réponse possible au risque d’aphasie se dessine dans la section « L’immagine, la parola ». À partir des œuvres de vingt-deux grands artistes, le poète trace une réflexion philosophique et sociale. Si Cucchi nous a toujours fait part de la puissance évocatrice du fragment, ici les déconnexions s’enfoncent dans le mystère contradictoire du langage, pour aboutir finalement à une relation frontale entre l’image et le mot, entre l’éthique et l’esthétique, paraphrasant l’âme de chaque œuvre représentée, qui n’est que le reflet – dépouillé de toute illusion – de nos vies.
- Maison d’édition Mondadori
- Année de publication 2024
- Nombre de pages 152
- ISBN 9788804776703
- Droits étrangers elena.biagi@mondadori.it
- Ebook disponibile
- Prix 17.00
Cucchi, Maurizio
Maurizio Cucchi (Milan, 1945) a fait ses débuts en 1976 avec Il disperso, suivi, toujours dans « Specchio », de Le meraviglie dell’acqua, Donna del gioco, Poesia della fonte, L’ultimo viaggio di Glenn, Per un secondo o un secolo, Vite pulviscolari, Malaspina, œuvres rassemblées dans le recueil Oscar Poesie 1963-2015 (2016), suivi des vers de jeunesse de Paradossalmente e con affanno (2017) et de Sindrome del distacco e tregua (2019).
