Fumana
par Malaguti, Paolo
Elle s’appelle Fumana, ce qui signifie « brouillard » dans la basse vallée du Pô. Elle aime se perdre dans cette mer pâle qui recouvre tout comme un manteau, et elle n’a peur de rien. Son grand-père, le rude Petrolio, qui l’emmène pêcher les anguilles dans les marais la nuit, le sait bien. Fumana grandit libre et sauvage, mais lorsqu’elle commence à devenir une femme, Petrolio doit demander l’aide de Lena, la « strigossa » (sorcière) de la région. Lena lui apprendra beaucoup de choses, de la façon d’étaler la pâte pour les cappelletti aux mots secrets qu’elle utilise pour guérir les gens. Ainsi, alors que l’Italie passe d’une guerre à l’autre, Fumana découvre son don, sa vocation. Une histoire pleine de tendresse sur les liens et la transmission des talents, sur l’acceptation de son destin mais aussi sur la ténacité à chercher sa propre voie. Fumana aime tellement le brouillard que parfois, lorsqu’elle s’immerge dans cette blancheur opalescente, elle a l’impression que quelqu’un – ou quelque chose – l’attend. Elle aime aussi pêcher avec son grand-père, la nuit, sur la périssoire, une lanterne éclairant l’obscurité du marais. Et puis, à partir d’un certain moment, elle commence aussi à aimer Luca : après avoir pris un bain avec lui dans la mare des nonnes, elle rentre chez elle sans bien savoir ce qui l’agite à l’intérieur, ni pourquoi. Les habitants de Voltascirocco se souviennent encore de la nuit où elle est née, on aurait dit que l’Adige voulait emporter toute la Vénétie. Si tu survives à une catastrophe comme celle-là, avec ta mère qui meurt en couches et ton père qui s’est peut-être enfui vers l’Amérique pour tenter sa chance, c’est parce que la vie t’a destiné à quelque chose. Fumana passe ses premières années avec son grand-père Petrolio, dans le calme immobile de la périphérie du village, parmi les canaux remplis de grenouilles, d’anguilles et de tanches, à explorer tout ce qu’elle peut et à faire semblant de ne pas entendre les jugements des autres. Mais l’enfance prend fin, et même le bourru Petrolio comprend qu’il doit faire quelque chose, que sa petite-fille est en train de devenir une jeune fille : la rencontre avec Lena, qui guérit les gens avec ses mots, ses gestes et ses herbes, sera le tournant. Mais accepter son don – Fumana est « venue au monde avec le vêtement » et possède donc des qualités prodigieuses – signifiera peut-être sacrifier tout le reste. Paolo Malaguti nous raconte une histoire ancienne mais toujours d’actualité. Un monde perdu entre le fleuve et la plaine, entre la pêche et la magie paysanne, au centre duquel se trouve un personnage féminin tenace, aux prises avec les attentes d’une société fermée, parfois mesquine, et le désir d’être elle-même.
- Maison d’édition Einaudi
- Année de publication 2024
- Nombre de pages 304
- ISBN 9788806259778
- Droits étrangers valeria.zito@einaudi.it
- Ebook disponibile
- Prix 20.00
Malaguti, Paolo
Paolo Malaguti est né à Monselice (Padoue) en 1978. Parmi ses livres, citons : La reliquia di Costantinopoli (Neri Pozza 2015), Prima dell’alba (Neri Pozza 2017). Pour Einaudi, il a publié Se l’acqua ride (2020 et 2023), Il Moro della cima (2022 et 2024), Piero fa la Merica (2023 et 2025, Prix Acqui Storia, Prix littéraire international Alessandro Manzoni), Fumana (2024) et Sul Grappa dopo la vittoria (2024).