Casa è dove fa male

Nos maisons nous observent. Elles écoutent, elles se souviennent. Elles perçoivent également les pensées et les émotions à travers les vibrations des corps sur le sol, la pression des doigts sur les meubles, les regards devant un miroir. Et parfois, les maisons racontent. Du brouillard de la banlieue de Mestre, comme dans un flux de conscience, dans une révélation privée, émerge la voix de cet immeuble de trois étages qui nous confie les habitudes de ceux qui y vivent. Un regard lucide et impitoyable sur les sept appartements et les familles, les couples, les individus présentés uniquement pour ce qu’ils cachent derrière les murs et les portes closes : manies, vices, faiblesses, fragilités, déviances et secrets occultés. Un documentaire littéraire sombre mais léger. Un condensé poétique des problèmes et des échecs, des fautes des locataires qui dégénèrent en comportements déséquilibrés et obscènes, en collisions violentes et en passions excessives. Le lecteur bénéficie de l’occasion séduisante d’espionner dans les maisons des autres. Et, avec la cadence rythmique des meilleurs ragots, même l’immeuble cède à une nature presque humaine, se laissant aller au jugement, exprimant des opinions sur un ton sentimental tout en nous décrivant ceux qui le peuplent dans une fresque intime de l’humanité et de ses péchés capitaux. Des hommes et des femmes si éloignés et pourtant si proches de la colonie de rats qui vivent dans le sous-sol et qui, pour une raison mystérieuse, pénètrent dans les habitations la nuit, se blottissent contre leurs corps endormis. Un roman à lire avec la lenteur avec laquelle il est raconté : un mot à la fois, comme dans une confession religieuse. Une histoire qui, d’une certaine manière, nous concerne tous et qui, en nous montrant tels que nous sommes, nous offre la seule possibilité de salut : admettre – pour aimer ou tenter de corriger – notre nature imparfaite.