Carnaio

Giovanni Ventimiglia est un pêcheur, pendant toute sa vie il a pris, dans ses filets, des anchois et des crabes, même si, ces dernières années, la mer est devenue avare, et sur son petit bateau, il n’a plus d’équipage. Il vend son poisson au marché de DF, un petit village perché sur la côte comme tant d’autres, avec un curé qui prêche mais fréquente le bordel, un maire qui est père de maire, une radio locale qui réchauffe le cœur des ménagères avec son présentateur grisonnant. Mais un jour de mars, alors qu’il amarre son bateau à la jetée, Giovanni trouve un cadavre, un homme qui a dû rester dans l’eau pendant des jours, un garçon qui n’est pas de la région, peut-être de l’Est ou du Sud, un garçon de couleur en tout cas. Et après lui, les découvertes de cadavres déteints par l’eau, tous jeunes, tous noirs se succèdent, sans que les autorités locales puissent trouver un fil conducteur, des tas de cadavres à enterrer, identifier, gérer. Et de DF ils demandent de l’aide, mais à Rome ils prennent leur temps, ils exigent des vérifications, à tel point que, pour ne pas être submergés, les citoyens seront obligés d’imaginer un système pour faire face à l’urgence, puis, au fil du temps, de le transformer en profit. Avec un regard qui rappelle Saramago et Bolaño, Charnier est un cauchemar de chair et d’argent, la prophétie d’un monde à venir dans lequel le dernier pas vers l’abîme est déjà derrière nous.