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11 janvier 2021

De Madrid: Laura Pugno s’entretient avec Ella Sher, agent littéraire.

Auteur:
Laura Pugno

L’Agent littéraire italienne Ella Sher a fondé l’agence The Ella Sher Literary Agency en Espagne il y a dix ans. Elle gère les droits étrangers de maisons d’édition internationales et représente des auteurs dans toutes les langues. www.ellasher.com

En Espagne, comment sont considérés la littérature italienne et le livre italien en général par le monde de l’édition?

J’ai la sensation que dans la majorité des cas, les éditeurs espagnols cherchent dans la littérature italienne des univers qui sont connus mais qui en même temps continuent d’apporter quelque chose de nouveau. Ils manifestent beaucoup d’intérêt et d’affection pour la littérature italienne. Les lecteurs (et les éditeurs) espagnols aiment se retrouver dans les pages d’un livre italien, comme s’ils lisaient des histoires qui parlent d’un ami intime, d’un parent, de quelqu’un avec qui ils ont l’impression de partager beaucoup de choses.

Quels auteurs italiens sont recherchés par les maisons d’édition espagnoles et inversement?

Si on généralise, on peut dire que les éditeurs espagnols veulent des romans italiens plus littéraires alors que les éditeurs italiens veulent des romans espagnols plus commerciaux, mais évidemment il y a des exceptions. L’énorme succès en Espagne d’auteurs italiens qui peuvent être considérés comme plus « littéraires » a fait que les éditeurs depuis quelques années font beaucoup plus attention aux auteurs italiens. Au contraire de l’Italie, où à part quelques exceptions, l’attention porte davantage sur des livres espagnols plus commerciaux. Probablement parce qu’on continue à vouloir des livres qui reproduisent le succès de certains romans historiques espagnols publiés il y a dix ou vingt ans.

Comment le rôle des agences littéraires espagnoles et italiennes est-il en train de changer? De quelle façon vous confrontez-vous aux nouveaux défis du marché de l’édition?

Beaucoup d’agences littéraires ont été créées en Italie et en Espagne ces dernières années. Il est très positif de voir que les choses évoluent par rapport au passé, et comment on accueille ce qui est nouveau pour s’adapter à un monde qui change. Avant, le marché de l’édition évoluait assez lentement (comme lorsque sont apparus les eBook), mais maintenant on voit que c’est devenu une question de mois (ou mieux de semaines…) pour que les choses se renouvellent radicalement.

Peu de gens s’intéressaient aux livres audio. Les choses ont évolué en quelques mois, voire quelques semaines, et tout le monde s’est retrouvé devant le fait accompli, en essayant de s’adapter le mieux possible. Dans les faits, ce qui s’est passé ces derniers mois et de façon si soudaine a boosté notre créativité à tous.

Quelle est l’importance des médiateurs culturels dans ce contexte? Universités, centres de traduction, instituts culturels…

Je pense depuis toujours – et j’aime le penser – que nous sommes tous des acteurs de ce nouveau monde éditorial, des protagonistes, des figurants, tous indispensables. Je peux affirmer avec certitude que quand on s’unit et qu’on travaille en équipe pour défendre un livre, les choses ont beaucoup plus de chances d’aboutir et de bien marcher. Si aux agents, éditeurs, auteurs, libraires on ajoute les médiateurs culturels que vous avez cités, le travail d’équipe ne peut que s’intensifier, s’améliorer et se renforcer. Pour un agent, un auteur, comme pour un éditeur, travailler avec des instituts culturels, des universités, des traducteurs (qui sont partie intégrante de l’équipe) est une très bonne chose. Mais il y a des exceptions, malheureusement. Il y a des cas où il est difficile de réunir les différents milieux. Le dialogue dépend de l’envie de faire, de la curiosité et de l’ouverture mentale des personnes impliquées. Si cela fait défaut, il est difficile d’arriver à travailler ensemble.

Comment peut-on resserrer (encore) davantage les liens entre les éditeurs italiens et espagnols? À la fois de façon générale, et en cette période en particulier?

On pense toute de suite aux moyens (et aussi aux ressources financières) dont disposent les instituts de l’Europe du Nord, en particulier le Norla, organisme norvégien qui propose des aides aux traducteurs, couvre nombre de frais (traduction, voyages, présentations, etc…), et promeut la littérature norvégienne en invitant des éditeurs aux festivals littéraires, fellowship, etc… Si on réussissait à faire la même chose, en plus de ce qu’on fait déjà, en Espagne et en Italie, cela faciliterait considérablement la promotion de ces deux littératures. Je pense qu’il est absolument fondamental de simplifier la bureaucratie : beaucoup d’éditeurs abandonnent l’idée de demander des subventions pour les traductions justement à cause des difficultés bureaucratiques auxquelles ils doivent faire face. De plus, certains instituts ne donnent pas la priorité aux requêtes de ce type. Tout ne fait que compliquer les choses et créer des obstacles à la diffusion de la littérature italienne à l’étranger. Je pense qu’il serait très utile de porter davantage d’attention aux demandes des éditeurs étrangers, de penser à de nouvelles formes de promotion de la littérature italienne à travers des rencontres, fellowship, séminaires et plateformes (comme newitalianbooks justement) et bien sûr de garantir des aides financières pour amortir les frais de traduction et de promotion d’un auteur à l’étranger.

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