Une formation pour éditeurs à Paris : interview avec Andrea Tramontana (Bompiani)
Auteur: Paolo Grossi

Andrea Tramontana. Éditeur de livres de fiction et de non-fiction avec plus de douze ans d’expérience dans le secteur. Il a des intérêts éclectiques et une curiosité inépuisable. Il possède une solide formation universitaire, avec un doctorat en sémiotique et un post-doctorat en art et histoire. Parmi ses lectures préférées : les classiques contemporains, les biographies, les essais populaires et les livres d’art. Il collabore actuellement avec la Scuola Holden et est éditeur de non-fiction (essais et divers) pour la maison d’édition Bompiani, du groupe Giunti.
Comment avez-vous entendu parler de cette initiative de formation et pourquoi avez-vous décidé de vous inscrire ?
C’est une responsable des droits étrangers français qui m’a parlé pour la première fois de cette formation il y a quelques années, lors d’un dîner dans une foire professionnelle. Cela m’a immédiatement semblé être une occasion précieuse de mieux connaître un marché géographiquement proche, mais avec des dynamiques complètement différentes de celles de l’Italie. De plus, ma collègue Giulia y avait participé il y a quelques années et je me souviens de son grand enthousiasme.
Ayant un penchant pour la France depuis mes études de doctorat et sachant que Bompiani a toujours publié de grands auteurs de ce pays, j’ai pensé que c’était le bon moment pour postuler : une façon d’élargir mon horizon, de ramener de nouveaux projets et peut-être de renouer des contacts un peu perdus.
Comment le cours était-il organisé ? Quels aspects avez-vous particulièrement appréciés ?
L’organisation était impeccable : un savant équilibre entre moments de formation en classe, exploration de la réalité urbaine et occasions d’échanger des expériences, des questions et des bonnes pratiques gérées de manière appropriée. Le travail de l’équipe de France Livre n’aurait pas pu être meilleur : les cours avec des professionnels du secteur ont été alternés avec des visites dans des librairies, des bibliothèques et des maisons d’édition, sans oublier le temps consacré à l’échange avec les autres éditeurs participants. J’ai trouvé chaque étape stimulante, mais les deux aspects qui m’ont le plus marqué sont la qualité des relations avec les autres éditeurs et les visites dans les maisons d’édition. Le dialogue constant et informel (toujours très amusant) avec les éditeurs du monde entier m’a permis de découvrir de nombreux modèles, solutions et idées différents proposés par des collègues animés par une grande passion. Le temps passé dans les maisons d’édition a été tout aussi précieux, dans des environnements de travail élégants où nous avons découvert des méthodes de travail vraiment fonctionnelles et efficaces : des prestigieux locaux de Gallimard et Stock à ceux, colorés et surprenants, de Le Tripode, Les Arènes, L’Iconoclaste, Sous-Sol et Julliard. Un large éventail de ce qui se passe dans l’édition française, un aperçu des nombreuses façons de travailler possibles – avec un véritable moment d’admiration.
Cette expérience parisienne a-t-elle été fructueuse pour vous et pour votre rôle actuel chez Bompiani ?
Beaucoup. Elle m’a permis de mieux comprendre les dynamiques du marché français et, surtout, de porter un regard neuf sur nos habitudes éditoriales italiennes et sur les grands groupes pour lesquels j’ai travaillé. J’ai eu l’impression qu’en Italie, le management et les travailleurs suivent souvent des logiques considérées comme acquises, sans les remettre en question, perdant ainsi des occasions d’innovation réelle nécessaires dans le panorama changeant de la consommation culturelle. Cette expérience m’a fait réfléchir à de nombreuses étapes délicates, comme par exemple une question particulièrement critique concernant la marge d’amélioration dans le dialogue entre les éditeurs et les points de vente – les librairies sont des ressources à protéger car elles sont actuellement en grande difficulté – ainsi que l’axe de communication directe avec les lecteurs. En France, j’ai trouvé partout une stratégie très précise et des investissements non résiduels dans la promotion, une plus grande synergie entre les différents acteurs de la filière, ce qui se traduit, me semble-t-il, par un marché plus dynamique et plus réactif. Il y a beaucoup à apprendre en tant que système éditorial dans son ensemble, et beaucoup à faire au-delà de la concurrence légitime entre les acteurs concernés.
Pendant le cours, le Paris Books Market s’est également tenu à Paris. Les échanges avec les éditeurs français ont-ils été fructueux ?
Tout à fait. Le format des rencontres courtes (identique à celui de Londres ou de Francfort) permet de rencontrer de nombreux interlocuteurs, mais avec une particularité : ici, j’ai pu dialoguer avec des réalités plus petites, indépendantes, parfois surprenantes, non seulement françaises mais aussi francophones, du Canada ou du Maghreb. Ce fut un véritable voyage au cœur d’un écosystème éditorial riche, multifacette, plein de voix qui sortent du lot. J’ai découvert des auteurs, des projets, des idées que je n’aurais jamais rencontrés autrement.
Enfin, une dernière question sur votre activité chez Bompiani : sur quels projets travaillez-vous actuellement ?
Bompiani vit actuellement une phase de relance stimulante, qui implique toute l’équipe éditoriale et bien plus encore. L’objectif est d’élargir notre offre, en nous rapprochant encore plus des lecteurs sans oublier l’identité de la marque : qualité, attention littéraire, soin apporté aux livres. En ce qui concerne la non-fiction, mon engagement est double : d’une part, trouver le moyen de valoriser nos auteurs et autrices de manière plus décisive que ce qui a été fait jusqu’à présent, d’autre part, rechercher de nouvelles voix, capables d’intercepter les besoins du présent avec un regard original. Je travaille actuellement sur une série d’ouvrages de vulgarisation historique (une de mes grandes passions), mais aussi sur des projets de développement personnel qui ne suivent pas les formules habituelles, mais constituent plutôt des outils innovants pour réfléchir et changer. Et je dois avouer que certaines parutions à venir me rendent vraiment heureux.
