La vacanza degli intellettuali. Pasolini, Moravia e il Circolo di Sabaudia

« J’ai choisi Sabaudia comme lieu propice à la réflexion pour mes moments de repos forcé et mes inquiétudes quant à mon travail futur, ces rêves fous qui me maintiennent ancré dans le monde. » C’est en ces termes que Pier Paolo Pasolini, dans le documentaire La forma della città, racontait sa relation avec Sabaudia, où il avait acheté une maison avec Alberto Moravia. Un bâtiment carré sur le front de mer, à quelques kilomètres de la ville rationaliste voulue par Mussolini dans le cadre du projet d’assainissement de l’Agro pontino. Ce lieu, d’abord symbole de l’esprit d’initiative du régime, devient quelques années plus tard le lieu de rencontre préféré de l’intelligentsia italienne : on peut ainsi y croiser Moravia faisant ses courses à la poissonnerie, Bernardo Bertolucci et Ian McEwan discutant du scénario d’un film qui ne verra jamais le jour, Laura Betti se promenant avec Dario Bellezza et Renzo Paris, Jean Genet à la recherche de signatures pour une pétition en faveur de la Palestine… Mais les intellectuels ne sont pas les seuls à choisir ces lieux pour leurs vacances. La côte devient rapidement une destination de villégiature pour la bourgeoisie romaine : Sabaudia et le Circeo apparaissent dans les pages mondaines des magazines à scandale, mais surtout, ils deviennent le théâtre obscur de l’un des crimes les plus odieux de la seconde moitié du XXe siècle, destiné à marquer la conscience du pays. Paolo Massari a un point de vue privilégié sur cette histoire : son grand-oncle a fondé la bibliothèque de la ville, il a rencontré les protagonistes de cette histoire et s’est entretenu avec eux sous les arcades du bar Italia. Guidé par des documents d’archives et des romans, et aidé par les témoignages d’illustres témoins tels que Dacia Maraini, Alain Elkann et Edoardo Albinati, Massari reconstitue le moment où Sabaudia devient l’un des pôles d’avant-garde de l’art, du cinéma et de la littérature italienne, une école platonicienne et un cercle littéraire : le point focal à partir duquel observer l’histoire culturelle de l’après-guerre.