La vita potenziale

Ayant grandi dans une province aisée et moraliste, entourée d’amis étroits d’esprit et de parents peu enclins à assumer leurs responsabilités familiales, Lavinia se retrouve rapidement confrontée à deux obsessions qui épuisent son énergie psychophysique : le sexe et le culte du corps comme antidote à la mort. Adolescente, elle assiste au décès prématuré de son père, victime d’une crise cardiaque sur le canapé familial. À une époque où l’on est à la recherche de sa propre identité, cette mort lui laisse une blessure indélébile. Arrivée à Rome, Lavinia décide alors de se construire une vie potentielle, un univers virtuel dans lequel elle crée de nombreux alter ego. À l’aide d’une plume effrontée, elle diffuse sur le net des profils disparates, dans une galerie décomplexée d’attitudes et de pratiques sexuelles, capables à la fois d’attirer et de subjuguer. Elle le fait comme un exercice de pouvoir, loin de toute forme de plaisir, comme un canevas aux résultats éprouvés qui exclut tout imprévu et ne sert que de bouclier et de décor. Les pièges croissants de la vie virtuelle l’amèneront à faire une pause sur le web et à affronter ce qu’elle n’a jamais osé dans sa jeune existence : la vie réelle faite de corps et de désirs concrets. Cependant, les corps et les désirs réels s’accompagnent de douleurs, de deuils, d’ombres et de fragilités insupportables. Lavinia décide alors de retourner dans le seul endroit qui lui semble sûr et finalement satisfaisant : assise devant la lumière bleue de l’écran. Roman d’une maturité et d’une modernité surprenantes, La vita potenziale aborde le scandale du sexe et du désir à notre époque. Réflexion psychologique, digressions cultivées (Roth et Freud sont les figures tutélaires qui soutiennent le récit) et considérations ironiques se mêlent dans ses pages pour célébrer le plus grand deuil : la mort du réel.