Magister. La scuola la fanno i maestri, non i ministri

L’école n’imprime pas de monnaie, ne crée pas d’emplois, ne garantit pas le bonheur, mais c’est le lieu où se forme notre conscience linguistique, critique, historique et politique. C’est à l’école qu’il revient d’éduquer nos garçons et nos filles, qui sont la beauté, l’unité et l’espoir du pays. Cessons de croire que le monde, comme l’écrivait Eliot, est « la propriété exclusive des vivants », sans défunts ni descendants. Dessinons plutôt le visage d’une école inédite qui retrouve le sens des questions, qui enseigne à saisir la profondeur et la relation entre les choses, qui permet de découvrir la valeur du passé et de la mémoire tout en inventant l’inconnu et l’inaudible. « Interroger, comprendre, inventer » : tels sont donc les trois « i », les fondements sur lesquels construire la formation. Pour avoir des têtes bien faites plutôt que des têtes bien pleines, comme le souhaitait Montaigne, il faut fréquenter la pensée des classiques, fondatrice et en même temps antagoniste du présent. On comprend alors le sens de la phrase de Manara Valgimigli : « L’école, ce sont les enseignants, pas les ministres ». Pour beaucoup, cela a signifié changer le cours de leur vie, car c’est uniquement dans la relation entre l’enseignant et ses élèves que se libère le champ d’énergie de l’éducation. Une utopie ? Une nécessité vitale. Nous pouvons nous réjouir des triomphes de la technique, mais il est nécessaire que l’interrogation de Socrate rééquilibre l’élan de Prométhée.