Quando sarai nel vento

Abele a quitté le Cilento pour étudier les vents dans les montagnes des Abruzzes. Depuis une station météorologique où les instruments appropriés ne semblent plus arriver, un paysage presque lunaire se dessine, dévasté par le tremblement de terre et dépeuplé autant par les individus que par les espoirs humains. Abel occupe alors son temps à contempler les pentes changeantes du Gran Sasso, à ausculter avec un stéthoscope électronique le bourdonnement immergé de la Terre et à photographier sa « main cassée ». Lorsqu’il descend de cet ermitage académique, il partage son temps entre la chambre louée par les Hensel – un couple de vieux juifs qui utilisent la cruauté comme monnaie d’échange avec le monde -, quelques raves où l’extase éloigne et déconnecte le rapport entre les perceptions et la réalité, et les heures passées à fantasmer un film sur le vent avec Marlena, la Béatrice désolée qui devient peu à peu la reine de cet univers d’attente.
Pour rompre cette accalmie stagnante – intérieure et extérieure – le passé revient et la nécessité d’un voyage qui conduira Abele à la recherche de son père entre l’Argentine, New York et Paris. Un voyage entrepris avec Marlena, sous les pas de laquelle il n’y a « que le silence de la grâce », mais également composé de solitude et d’inertie : le vent a disparu et, sans son élan, l’humanité terrienne qui accompagne les découvertes d’Abel, l’odeur âcre des incendies qui ravagent le sud de la planète, les luttes des écologistes en combinaisons blanches et masques à gaz inspirés par Walt Whitman, restent en suspens, enveloppés de sonorités limpides et de lumières inflexibles, comme autant d’instantanés luttant contre tout ce qui passe, se dissout, s’oublie.
Quando sarai nel vento est une symphonie en quatre mouvements dans laquelle chaque motif – exposé, développé et repris – est un carottage des vibrations infinies qui nous agitent et agitent le monde ; rarement à l’unisson mais toujours dans l’attente de la clé qui leur donne un ordre, de la cadence qui les ramène à l’harmonie.