Le donne muoiono

Dans ce recueil de nouvelles – l’un des plus importants d’Anna Banti –, l’écrivaine recrée un monde vu à travers le destin des femmes. Dans une « triste maison » bourgeoise du début du XXe siècle, des femmes d’âges différents se croisent entre rituels, rancunes et ambitions (« Je connais une famille… »). Deux frères, Lucilio et Priscilla, fuient Rome pillée par les Vandales pour se construire une nouvelle vie (« I porci »). Les femmes du XXVIIe siècle sont privées de la capacité de se souvenir de leurs vies passées et la seule forme d’immortalité pour elles est l’art (« Le donne muoiono »). Dans la Venise du XVIIIe siècle, parmi les orphelines de l’Istituto della Pietà, une jeune fille se distingue par son talent musical exceptionnel, dans l’une des nouvelles les plus célèbres (« Lavinia fuggita »). Les thèmes narratifs de ces textes, composés entre 1936 et 1950, sont variés. Anna Banti y explore les états d’âme de ses protagonistes, leur solitude sociale, leur révolte contre des coutumes que nous reconnaissons aujourd’hui comme patriarcales et qui les contraignent à des rôles prédéfinis. Comme le remarque Giuliana Misserville, le recueil Le donne muoiono (prix Viareggio 1952) pose des questions très actuelles : que se passe-t-il lorsqu’une femme se voit refuser le droit de créer ? Avons-nous vraiment dépassé l’idée que l’art est un domaine essentiellement masculin ? La réponse se trouve dans ces récits, « à rapprocher uniquement », écrit Gianfranco Contini, « des pages les plus sublimes de Woolf ».