Demichov

Bienfaiteur de l’humanité. Monstre sans cœur. Inventeur visionnaire. Tortionnaire d’animaux. Héros du progrès. Ennemi du peuple. Combien de vies peut-il y avoir dans celle d’un seul homme ? Salvatore La Porta raconte l’existence controversée de Vladimir Demichov, le père de la médecine des greffes : un portrait littéraire émouvant, qui est aussi une réflexion sur les limites de la science et de l’éthique. C’est le 3 décembre 1967 que le chirurgien sud-africain Christiaan Barnard réussit à réaliser la première transplantation cardiaque sur un être humain. Il s’agit d’un événement révolutionnaire : enfin, une partie de nous peut survivre dans le corps d’une autre personne, lui sauvant ainsi la vie. Ce que presque personne ne sait, cependant, c’est que cette avancée fondamentale n’a été possible que grâce aux recherches d’un chirurgien russe anonyme, Vladimir Petrovic Demichov, qui, dans le sous-sol d’un institut médical de l’Union soviétique, avait pendant des années pratiqué des opérations effroyables sur des chiens, donnant ainsi naissance à la transplantation. Ce livre raconte son histoire extraordinaire : de sa jeunesse passée à travailler dans une usine à ses expériences ingénieuses en tant que boursier universitaire ; de ses premières tentatives de transplantation de la tête d’un chien sur le corps d’un autre à la réussite de ses théories ; de l’enthousiasme de la presse internationale à l’embarras et aux représailles du pouvoir soviétique, qui le qualifia de charlatan dangereux ; jusqu’à la censure, l’ostracisme de la communauté scientifique et la damnatio memoriae, qui accompagnent encore aujourd’hui une grande partie de ses actions. Demichov est une biographie impossible, un récit fait de documents perdus et de témoignages incertains sur ce que signifie vraiment donner tout de soi-même – sa santé, sa sérénité, sa réputation – pour ce que l’on croit juste : pour comprendre où finit notre corps et où commence notre « moi ».

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