Comunismo a Times Square

2010. Chaque jour, de 23 h 57 à minuit, les publicités disparaissent des 92 écrans de Times Square pour laisser place à une œuvre d’art vidéo. Lorsque le cinéaste new-yorkais John Sams, dont le « vrai métier » est d’être publicitaire, voit un extrait de son documentaire sur le cerveau d’Albert Einstein projeté sur ces écrans, il peut enfin, pendant ces trois minutes qui lui paraissent interminables, penser qu’il peut à nouveau aimer une femme après le traumatisme de son récent divorce. Un jour de printemps, dans un avion, John tombe amoureux d’Agata, une hôtesse de l’air des Émirats et ancienne actrice qui a dû quitter le théâtre parce qu’elle ne pouvait plus se permettre d’être une artiste émergente. Agata est cependant encore partiellement amoureuse de Walther, un dramaturge narcissique, le seul des trois à pouvoir vivre de son art parce qu’il est soutenu par sa famille. Agata, Walther et John représentent le portrait lyrique et tragicomique d’une génération en crise face à l’effondrement du capitalisme, de plus en plus coincé entre les tempêtes financières, l’urgence climatique et la subversion de la relation entre les sexes. L’action se déroule principalement à New York (mais aussi en vol entre les continents ou dans l’enclos avec un étang du zoo de Berlin qui célèbre la vie et la mort de l’ours Knut) à la fin des années 2010, entre des incursions dans la culture pop et la scène politique cruciale de ces années-là : l’orgasme de Yoko Ono au MoMa et le suicide d’Alexander McQueen, – la musique indie qui a grimpé dans les hit-parades et la victoire présidentielle de Barack Obama, les tentes enneigées d’Occupy Wall Street et la naissance des blogs -, des dialogues caustiques et une satire sociale croustillante ; , ce roman visionnaire et réaliste à la fois, oscillant entre l’atmosphère glamour d’une série télévisée et la gravité d’un roman philosophique, esquisse de manière inédite et subversive les dernières années au cours desquelles l’Occident a pu imaginer et mettre en scène l’avenir, avant d’être aspiré par les médias sociaux. Ou peut-être seulement par lui-même. « Il n’y a pas de synonyme à la révolution telle qu’elle se déroule. C’est ce qui la rend irrésistible : l’extrême violence de sa solitude. »