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10 juin 2020

Entretien avec Pier Luigi Fratini sur les contributions européennes à la traduction

Auteur:
Entretien avec Piero Luigi Fratini par Paolo Grossi

Depuis de nombreuses années l’Union Européenne attribue des aides à la traduction des œuvres littéraires (romans, essais, poésie, théâtre, bande dessinée etc.) d’une langue européenne vers une autre. Pour en savoir plus sur la manière dont ces aides sont accordées et quelle est la voie à suivre pour les éditeurs qui veulent les demander, nous avons interviewé Piero Luigi Fratini. Ce dernier est ex-coordinateur de la section pour le sous-programme Culture et désormais coordinateur de la section des projets Innovation LAB auprès de l’Agence Exécutive de l’Union Européenne pour l’Éducation, l’Audiovisuel et la Culture

Depuis quand existent ces aides et quels sont les principes qui les ont inspirées ?

Les aides de l’Union Européenne pour la traduction littéraire existent désormais depuis presque quinze ans. Le programme Culture 2007, en effet, prévoyait déjà des subventions en faveur de maisons d’édition ou de groupes éditoriaux publics ou privés. À partir de 2014, avec le Programme Europe Créative, la nature et la structure du sous-programme « support de la traduction littéraire » ont été partiellement modifiées en fonction des mutations du secteur de l’édition. 

Un des principaux changements consiste en l’adoption d’une approche plus structurée caractérisée par l’élargissement des activités « finançables » jusqu’à comprendre la distribution et la promotion des œuvres traduites. Le sous-programme se donne donc pour objectif d’intervenir de manière plus efficace à l’intérieur de la « chaîne de valeur » du secteur du livre. Grâce à cette approche, des centaines de maisons d’édition ont pu bénéficier non seulement de la possibilité d’importer dans leur propre marché des titres étrangers, mais aussi de pouvoir expérimenter des modèles commerciaux novateurs et de renforcer leur propre présence dans le secteur, au niveau national et international en participant à des foires et d’autres évènements dédiés aux professionnels du secteur. 

Avec le programme Europe Créative, le soutien à la traduction littéraire participe à un système plus large, auquel s’ajoute à l’objectif principal de faire circuler des œuvres littéraires de qualité à travers les Pays participants le projet ambitieux de renforcer l’écosystème du monde de l’édition. 

Les sous-programmes d’Europe Créative contribuent aussi à cet objectif. Ainsi grâce aux lignes de financement « coopération », nous soutenons chaque année des dizaines de projets en faveur de l’édition, parmi eux l’expérimentation de systèmes technologiques novateurs de co-création (projet DIGI-CO coordonné par De Agostini Scuola), la mise en réseau des foires du livre les plus prestigieuses (projet ALDUS coordonné par l’Association Italienne des Éditeurs) ou encore le développement de process innovants pour adapter les bibliothèques au changements technologiques, en particulier la « dématérialisation » du livre (projet New Challenges for Public Libraries’ coordonné par le Consortium Système des Bibliothèques Nord-Ouest, Région Lombardie et Université de Milan-Bicocca). 

 

En outre, grâce au sous-programme « Plateformes », nous avons soutenu le projet « Versopolis », à savoir un réseau de festivals littéraires internationaux dédiés à la poésie se donnant pour objectif d’offrir de la visibilité à des talents émergents, en soutenant leur participation à des évènements et la diffusion digitale des leurs œuvres. Enfin, grâce au sous-programme « Network », nous finançons le projet Eurozine, une plateforme digitale qui a parmi ses objectifs principaux celui de soutenir le secteur des revues et des journaux culturels

Une vision intégrée du soutien de l’Union Européenne au secteur de l’édition et des livres doit ensuite tenir compte des opportunités offertes hors du programme Europe Créative. Le projet Erasmus+, par exemple, soutient le projet « ASAP – Anticipatory Skills for Adapting the Publishing Sector » dévolu à la professionnalisation digitale des opérateurs du secteur. Le programme Quadro 7 de recherche et développement a financé le projet « Arrow », coordonné par l’Association Italienne des Éditeurs, qui a pour but de développer des instruments technologiques novateurs pour la gestion des informations sur les droits d’auteur liés à une œuvre textuel. Le Programme H2020 a offert son soutien au développement de la plateforme « Reedsy », un écosystème qui met en réseau les professionnels du secteur éditorial en faveur de l’activité de self-publishing et comprend des cours d’approfondissement et des instruments digitaux pour l’écriture. 

Quelles sont les modalités à suivre pour un éditeur qui veut présenter aux instances de l’Union Européenne une demande d’aide à la traduction de un ou plusieurs livres ?

Les modalités de participation aux concours du sous-programme « Support à la traduction littéraire » changent chaque année et les aspects spécifiques sont définis à l’intérieur des lignes-guides publiées à l’occasion des appels à concours. Au fil du temps les caractéristiques sont demeurées constantes pour permettre aux candidats de se familiariser avec les procédures administratives. On a progressivement cherché de simplifier les procédures et c’est cela-même qui explique le succès du programme qui a soutenu jusqu’à aujourd’hui plus de 300 éditeurs, traduit plus de 700 auteurs et plus de 1000 titres pour un total de plus de 2500 traductions. 

En pratique chaque année l’EACEA publie sur son propre site internet une invitation destinée aux maisons d’édition afin de proposer des projets. Comme on l’a dit, chaque appel à concours présente des caractéristiques propres. Toutefois à l’intérieur de l’actuel programme Europe Créative chaque proposition de projet doit contenir un groupe d’œuvres littéraires à traduire (entre trois et dix) et une stratégie de distribution et de promotion. 

En général, je suggère de ne pas attendre la publication de l’appel à concours pour commencer à travailler sur le projet, mieux de planifier l’activité dans le temps. Chaque année, la Direction Générale Culture et Éducation de la Commission Européenne (responsable de la programmation politique du programme Europe Créative) publie un programme de travail annuel à l’intérieur duquel on peut déjà trouver les éléments nécessaires pour préparer leur propre projet. Tous les programmes de travail sont publiés sur le site de la Commission Européenne. 

 

En ce qui concerne les droits de traduction littéraire, on ne demande pas que les maisons d’édition soient déjà en leur possession au moment de la demande de financement. L’existence d’un accord écrit entre les maisons d’édition, en revanche, est souhaitable. Afin de limiter de possibles litiges commerciaux, la preuve formelle des accords de cession sera demandée à la fin de la sélection des projets avant la signature d’éventuels contrats avec EACEA.  

Le financement maximum possible pour un projet est de 100.000 euro, avec un pourcentage de financement de 50%. En ce qui concerne la structure financière, à la signature du contrat le bénéficiaire reçoit une avance de 70% du co-financement, alors que les 30% restant sont versés à la conclusion du projet et après vérification des activités réalisées et des dépenses. La plus grande partie des coûts liés au projet sont remboursables, dont la traduction, la révision, l’impression, l’acquisition des images et toutes les activités nécessaires pour la distribution et la promotion du projet. Les coûts relatifs à l’acquisition des droits de traductions ne sont pas remboursables. 

Quelles caractéristiques doivent posséder les projets présentés pour avoir une possibilité de succès ?

C’est difficile de pouvoir définir a priori les caractéristiques d’un projet finançable. Chaque idée présente des caractéristiques spécifiques qui sont évaluées par le comité de sélection. Certains projets, par exemple, présentent des caractéristiques d’innovation supérieures aux autres, en ce qu’ils mettent l’accent sur de nouvelles idées promotionnelles, de nouvelles technologies et stratégies pour attirer de nouveaux lecteurs. Il s’agit des idées qui ont les plus grandes probabilités de succès. Les facteurs décisifs demeurent toutefois la qualité littéraire des œuvres proposées, l’expérience des traducteurs impliqués et la rigueur du projet : pour quel motif ont été choisis ces œuvres particulières et quel est le fil qui les unit.  

En outre, les traductions de langues moins représentées vers des langues plus diffusées (anglais, français, espagnol et allemand) et les traductions de styles moins commerciaux – comme la poésie, la bande dessinée, le roman graphique, la littérature pour les enfants et les adolescents et les nouvelles – sont encouragées. Une autre recommandation fondamentale est celle de donner le juste relief au profil des traducteurs littéraires : on requiert au minimum qu’un profil biographique du traducteur soit inclus dans l’œuvre traduite. Il s’agit donc d’un minimum requis par l’appel à concours, pour lequel les maisons d’édition qui veulent être positivement jugées doivent chercher de surpasser. 

Pour conclure, afin d’encourager la traduction des œuvres récompensées par le Prix Europe de la littérature EUPL, les maisons d’éditions qui proposent ces titres à l’intérieur du paquet de livres bénéficient d’un système de points automatiques (5 par livre), jusqu’à un maximum de 10 points. 

Les maisons d’édition italiennes bénéficient à plein des aides à la traduction de l’Union Européenne ?

Les maisons d’édition italiennes ne comptent pas parmi les bénéficiaires principaux du sous-programme « Soutien à la traduction littéraire ». Les résultats du concours 2019 montrent des données préoccupantes avec un seul projet parmi les cinquante deux financés. Les projets reçus au total sont quatorze avec un taux de réussite de 7,14%.

Liens utiles :

Programmes de travail Europe Créative

Prix européen de la littérature

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