Contributions extraordinaires pour la diffusion à l’étranger du livre italien. Entretien avec Roberto Vellano
Auteur: Alessandra Rotondo - Interview taken from giornaledellalibreria.it
«Chaque année le Ministère italien des Affaires Étrangères et de la Coopération Internationale acquiert des livres pour les bibliothèques des Instituts et des écoles italiennes à l’étranger et distribue des prix et des financements pour la traduction des livres italiens dans le monde entier…» explique le Ministre plénipotentiaire Roberto Vellano, Vice-directeur général de la Direction générale pour la promotion «Sistema Paese» et Directeur central pour la promotion de la culture et de la langue italienne. «À titre d’exemple, près de cent titres italiens ont été publiés l’année dernière dans des langues étrangères grâce à ces financements».
«Cette année, face à l’urgence sanitaire et à ses graves conséquences pour notre économie, des financements extraordinaires ont été décidés pour des achats supplémentaires de livres et pour l’activation d’un dispositif spécial, valide pour l’année en cours, pour soutenir la vente des droits des livres italiens, grâce auquel des aides financières pourront être distribuées, à travers le réseau des représentations diplomatiques (ambassades et consulats) et des Instituts italiens de la Culture, aux maisons d’édition étrangères qui feront la preuve d’avoir acquis les droits à la traduction d’œuvres italiennes».
Les financements extraordinaires sont alloués aux maisons d’édition étrangères qui, dans la période comprise entre le 1er juin et le 25 septembre 2020, ont signé avec des éditeurs, dont le siège social est en Italie, un contrat d’achat des droits ou une option d’achat des droits de traduction d’une œuvre d’un auteur italien déjà édité en langue étrangère sous format papier. Ce sont elles qui – avec les groupes éditoriaux, agences et agents littéraires – peuvent présenter une demande de financement au plus tard le 5 octobre en suivant les indications de ce lien.
La prévision de ces financements esquisse un rôle et une position centrale de l’industrie éditoriale dans la reprise de notre Pays depuis les mois les plus durs de la pandémie. Et elle est en connexion avec une autre initiative récente consacrée à l’ouverture internationale: la création de la plateforme newitalianbooks.
Si le nouveau portail newitalianbooks.it a été imaginé et mis en œuvre par l’Institut de l’Enciclopedia Treccani, notre Ministère a soutenu l’initiative de manière importante. Newitalianbooks se fait le porte-voix auprès des éditeurs étrangers de ces nouvelles initiatives qui, nous le souhaitons, vont contribuer à donner une nouvelle impulsion à l’ouverture internationale de notre secteur éditorial et à en accroître la visibilité sur les marchés étrangers.
Le livre italien, d’ailleurs, exerce un intérêt croissant auprès des lecteurs étrangers. Un résultat obtenu grâce au soutien de politiques et de projets pour la valorisation des livres, des histoires et des récits « made in Italy ». Quelles sont les étapes récentes de ce parcours ? Quelles en sont les prochaines étapes ?
Au cours de la récente présentation internationale, le 2 juillet dernier, du portail newitalianbooks – à laquelle les directeurs des quatre Instituts Italiens de la Culture de Londres, Paris, Madrid et Munich ont participé avec des éditeurs des pays – la donnée la plus significative qui est ressortie est justement celle de l’intérêt croissant du public étranger pour les aspects divers et variés du passé récent et du présent de notre Pays.
L’exemple le plus fréquemment cité a été, naturellement, celui d’Elena Ferrante, dont les romans ont eu et continuent à avoir une fonction de figure proue essentielle, stimulant les lecteurs du monde entier à découvrir les histoires qui font la richesse du roman italien contemporain (il suffit de penser à des auteurs très différents comme Francesca Melandri, Helena Janeczek, Giulia Corsalini, Valeria Parrella et à Sandro Veronesi, récent lauréat du prix Strega).
À ce propos, je voudrais rappeler que pas moins de 22 Instituts Italiens de la Culture font parti du jury de ce prix : leur participation au vote implique, dans chaque siège, des italianisants, des écrivains, des traducteurs et d’autres protagonistes de la filière du livre.
Nous sommes en train de prendre en considération de nouvelles initiatives pour d’autres prix littéraires (je pense, par exemple, au prix Campiello qui, pendant quelques années, a organisé avec succès des éditions européennes en collaboration avec le réseau des Instituts).
Deux objectifs importants nous attendent dans un futur immédiat, deux grands salons dans le milieu de l’édition dont notre Pays sera l’invité d’honneur : le salon du Livre de Paris en 2022 et le Buchmesse de Francfort en 2024. En prévision de ces deux rendez-vous, nous travaillons, avec le Ministère pour les biens et les activités culturels, pour que le portail newitalianbooks.it puisse disposer d’une version française et d’une version allemande de manière à augmenter son impact international.
Quels sont les idées et les projets en chantier pour la prochaine semaine de la langue italienne du monde ?
Cette année, la XXème édition, programmée du 19 au 25 octobre sous le parrainage du Président de la République, aura comme thème « L’Italien de la parole à l’image : graffiti, illustration, bande dessinée » et accordera une attention particulière aux genres (le livre illustré pour l’enfance, la bande dessiné, le roman graphique) qui permettent particulièrement à notre secteur éditorial de se distinguer par une forte projection internationale.
En accord avec les restrictions actuelles à la mobilité internationale, la semaine de la langue italienne sera l’occasion pour tout notre réseau à l’étranger de véhiculer une image encore plus riche et complète d’un secteur qui fait de nous des protagonistes reconnus dans le monde entier, grâce à des événements internationaux importants comme la Children’s Book Fair de Bologne et le Lucca Comics and Games.
La traduction est un acte essentiel pour le rapprochement culturel et, plus généralement, il nous semble que l’ouverture internationale de notre industrie éditoriale – au-delà d’un objectif économique essentiel à atteindre – revêt une dimension humaine et symbolique remarquable qui conforte la fonction du livre comme figure de proue du « made in Italy ».
Les traducteurs apparaissent comme les médiateurs culturels les plus importants dans le secteur de l’édition : ce sont eux, dans la plupart des cas, qui suggèrent aux éditeurs de leurs pays respectifs quels livres traduire. De fait, ils sont des figures clé, dont le rôle n’est pas souvent valorisé par les éditeurs eux-mêmes comme il le faudrait. On peut faire beaucoup plus pour leur reconnaître ce rôle déterminant de passeurs entre les cultures.
On pourrait prendre exemple sur la France, qui reçoit chaque année des traducteurs en provenance des quatre coins du monde. En Italie, un premier pas a été franchi par le Cepell (Centre pour le livre et la lecture) en association avec la Casa delle Traduzioni (la Maison des Traductions) de Rome avec la collaboration des Instituts Italiens de la Culture. Nous sommes en train de nous demander comment nous pourrions nous aussi contribuer, en tant que Ministère des Affaires Étrangères, à cette initiative dont les retombées sur les ventes des droits du livre italien peuvent être certainement d’un grand intérêt.
Il y a-t-il des marchés ou des Pays que le Ministère considère avec un intérêt particulier ?
Si nous parlons d’édition, notre activité soutient l’ouverture internationale à 360 degrés. Plus que définir d’en haut « au tableau noir » des priorités, nous cherchons à répondre aux demandes et aux attentes qui proviennent soit du monde des entreprises soit de notre réseau de bureaux à l’étranger.
Il est clair que les Pays les plus importants, où se déroulent les principales foires internationales et dans lesquels on parle les langues les plus diffusés, sont ceux où se concentre le plus grand nombre de nos initiatives, mais nous cherchons aussi à dédier une grande attention aux réalités plus petites et périphériques où notre Pays joue souvent un rôle significatif, soit sur le plan économique, soit sur celui de la visibilité culturelle.