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25 mai 2020

Giorgio Bassani en traduction

Auteur:
Rosy Cupo (Università di Ferrara)

À l’occasion du centenaire de la naissance de Giorgio Bassani, célébré en 2016, une série de colloques, de journées d’étude et d’initiatives éditoriales ont permis de faire le point sur la diffusion hors des frontières nationales des œuvres de l’écrivain de Ferrare. Il en est résulté un bilan satisfaisant : la présence des œuvres de Bassani dans le monde présente une croissance continue sur le marché littéraire européen, mais aussi hors du vieux continent avec des les premières éditions chinoises (2014) et turques (2015) du Giardino dei Finzi-Contini (Le jardin des Finzi-Contini). 

La dimension européenne de l’écriture de Bassani, soutenue par une comparaison continue avec la tradition littéraire occidentale, du XVIème siècle français à Robert Louis Stevenson, de Thomas Stearn Eliot au nouveau roman, se nourrit également d’une projection passionnée vers un horizon international, comme le déclare l’auteur lui-même en 1984 : « dans Le Roman de Ferrare, il y a mon message à l’Europe, le sens profond de mon engagement moral et civil ». 

Cette aspiration se révèle déjà présente avant le succès des Cinque storie ferraresi. Après la sortie dans « Botteghe Oscure » de sa nouvelle Storia d’amore, Bassani, grâce à l’appui de Marguerite Caetani, réussit à en faire publier la traduction (Love story) dans la révue américaine « World Review ». Elle sera suivie peu après de celle de La passeggiata prima di cena (The stroll befor supper), avec un certain succès critique. 

Depuis ces expériences initiales, Bassani porte une attention très forte au choix de ses éditeurs et, surtout, de ses traducteurs. Cette attention ne sera jamais démentie au cours du temps, allant jusqu’à l’exercice d’un droit de veto en bonne et due forme (comme l’attestent certaines lettres conservées dans les archives de Giorgio Bassani) si d’aventure la traduction se révélait, selon lui, inexacte. Ce fut en partie la cause de la parution tardive des Cinque storie en France, publiées en 1962 chez Gallimard, dans un recueil qui comprenait aussi Gli occhiali d’oro, sous le titre Les lunettes d’or et autres histoires de ferraraises.

Au lendemain de la publication des Cinque storie ferraresi (1956), Bassani ne ménage pas ses efforts pour faire connaître son œuvre à l’étranger. Encouragée par le couronnement du prix Strega, il se rapprocha de l’Agence littéraire internationale, trouvant en son directeur Erich Linder un soutien inconditionnel. Il tourne alors son attention vers les États Unis, mais ses attentes sont momentanément déçues : l’agent littéraire contactée décline la proposition parce qu’elle considère les shorts stories peu adaptées au public américain plus sensible, en revanche, aux romans de grande ampleur. La publication successive de Gli occhiali d’oro (Les lunettes d’or) apporte comme une confirmation à l’argument avancé par l’agent : le roman est accueilli avec un grand intérêt et provoque de fortes demandes en provenance du monde entier au point que Bassani annonce à son éditeur se sentir enfin « un vrai écrivain de dimension internationale ». Gli occhiali d’oro sont publiés en 1960 en Grande Bretagne et aux États Unis dans la traduction d’Isabel Quigly (The Gold-Rimmed Spectacles, London, Faber & Faber) ; l’édition allemande dans la traduction Herbert Schluter sort la même année (Ein Arzt aus Ferrara, München, R. Piper & Co. Verlag), de même qu’une traduction espagnole en Argentine (Los anteojos de oro, Buenos Aires, SUR)

Le 9 février 1962, Einaudi publie Il giardino dei Finzi-Contini. Le roman connaît un succès immédiat. Cent mille copies sont vendues en cinq mois et Bassani reçoit le prix Viareggio. Le 28 mai 1965, l’auteur reçoit la première copie de l’édition américaine dans la traduction d’Isabel Quigly (The Garden of the Finzi-Contini’s, London, Faber & Faber). À partir de cette date, l’œuvre de Bassani se diffuse d’une manière croissante en Europe avec des éditions anglaises, françaises, espagnoles et portugaises, mais aussi suédoises, danoises, néerlandaises, norvégiennes et finlandaises. Il giardino conquiert également l’Amérique Latine, Israël et le Japon. On le retrouve même derrière le rideau de fer en Hongrie et en Pologne. L’immense succès rencontré par ce roman crée un regain d’intérêt pour les Cinque storie qui sont finalement traduites en Espagne (Historias de Ferrara, Barcelona, Seix Barral, 1967), au Portugal et au Brésil (Contos de Ferrara, Lisboa, Atica, 1964). Elles ont été traduites auparavant en France, en Angleterre (Prospect of Ferrara, London, Faber & Faber, 1962) et en Allemagne (Ferrareser Geschichten, München, R. Piper & Co. Verlag, 1964).  

L’adaptation au cinéma, en coproduction européenne, de certains romans ou nouvelles de Bassani a joué un rôle prépondérant dans la diffusion mondiale de son œuvre : La lunga notte del’ 43 (Une nuit de 43, coproduction Italie/France, 1960), Gli occhiali d’oro (coproduction Italie, France et Yougoslavie, 1988) et last but not the least Il giardino dei Finzi-Contini (1970) reçoit l’Oscar du meilleur film étranger en 1972. 

En 1968, Giorgio Bassani publie l’airone (Le héron) chez Mondadori, son dernier roman qui recevra l’année suivant le prix Campiello. Cette œuvre connaît un succès mondial et permet à l’auteur de réaliser son rêve, à savoir la parution en 1971 d’une édition américaine de ses premiers récits dans une nouvelle traduction par William Weaver, sous le titre Five stories of Ferrara, chez Harcourt Brace Jovanovich (New York). 

La toute dernière œuvre publiée du vivant de Bassani est L’odore del fieno (L’odeur du foin), recueil de récits publié chez Mondadori en 1972. On note une grande similitude dans la dynamique de diffusion entre ces nouvelles et les Cinque storie ferraresi. Elles sont toutes deux traduites très rapidement dans les pays européens où la réputation de Bassani n’est plus à faire, à savoir aussitôt en Angleterre, en 1974 en Espagne et en Allemagne et en 1979 en France. L’odore del fieno ne touche les États Unis qu’en 2007, date à laquelle la Penguin propose la réédition des œuvres complètes de Bassani dans une nouvelle traduction anglaise (la troisième) confiée au poète et écrivain anglais Jamie McKendrick, s’ouvrant par la publication de The Garden of The Finzi-Contini’s.

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