I fantasmi si vestono nudi

Il n’y a pas de brouillard ce soir. Le portique de San Luca est un jeu sinueux d’ombres et de lumières, résonnant de l’écho d’une procession : à cette heure-ci ? Étrange. Santo, dix-sept ans, affronte à pied la montée raide vers la basilique du Colle della Guardia : muet, pensif, déçu par le cours de sa vie. Il rêve d’être cycliste mais, pour l’instant, Arci, l’ami de son père et ancien camarade de parti, lui a trouvé un emploi d’apprenti imprimeur. Un travail qui lui colle à la peau avant même qu’il ne le commence et qui, sans qu’il le sache encore, lui vaudra bientôt des ennuis avec la justice. Mais en cette nuit de doute et d’insatisfaction, le destin réserve une surprise à Santo : alors qu’il s’arrête pour reprendre son souffle, il rencontre Chrysanthème, une belle, douce, blonde… et nue. Et morte. Quand ? Dix ans plus tôt, en 1945, quelques heures avant la libération de Bologne. Où ? Là, dans l’orphelinat du virage qui s’appelle non sans raison « delle Orfanelle ». Comment ? Elle ne s’en souvient pas, mais ce fut une mort violente. Santo se retrouve donc dans le rôle inhabituel d’enquêteur, à la grande inquiétude de sa mère veuve et de son ami Biella. Le camarade Arci, quant à lui, est prêt à lui donner un coup de main, même s’il n’est pas prêt à croire que Santo soit fiancé à une jeune fille décédée.