La Commedia. Filologia e interpretazione

Aujourd’hui, la prestigieuse branche de la philologie appelée ecdotique aime s’appeler critique textuelle, presque comme si l’analyse du texte effectuée par le critique littéraire n’était pas aussi une critique textuelle. Il y a déjà plusieurs dizaines d’années, les structuralistes avaient tenté de construire une méthodologie pour l’analyse du texte littéraire qui aurait l’apparence et la substance analogues à celles des sciences exactes. La critique littéraire a désormais renoncé à cette prétention impossible, tandis que l’ecdotique semble aspirer au statut de science (presque) exacte. C’est probablement dans les œuvres de Dante que la dialectique déjà mentionnée, entre les deux formes de critique textuelle, trouve en Italie à la fois sa plus grande intensité et sa plus pacifique conciliation. Les contributions rassemblées dans ce volume ont pour origine la prise de conscience relative au fait que la philologie et l’interprétation vont de pair et se soutiennent mutuellement. Elles suivent ensuite des chemins différents, dans le but de reconstituer l’extraordinaire vitalité de la Commedia : de la capacité de Dante à raconter à travers des images, « le visible qui parle », peut-être en raison d’une atmosphère et d’une sensibilité communes dont Giotto et Francesco da Barberino étaient les pierres angulaires, à la première diffusion du poème en Italie, avant sa publication, jusqu’à la capacité, inhérente à ses vers, de contenir en substance, différents sens littéraux, de sorte que le traducteur dans une autre langue est presque obligé de percevoir les oscillations du « faire poétique » de l’artiste afin de faire le choix le plus exact philologiquement.