Maradona è amico mio (Maradona is a friend of mine)

Pour ce qu’il a fait sur le terrain, la sentence a déjà été prononcée par le tribunal des dieux, le seul compétent : il a été le plus grand de tous, capable d’entrer même dans le cœur de ceux qui voulaient et devaient le détester. Le verdict des mortels a été beaucoup plus sévère, ils n’ont jamais été enclins à évaluer avec le bon recul les contradictions d’un homme qui, avant tout, était un extraordinaire multiplicateur de rêves et d’existences, au point que ceux qui voulaient raconter ses fantasmes devaient tôt ou tard s’accommoder des leurs. C’est aussi le cas de Marco Ciriello, qui retrace ici la vie de Diego Armando Maradona avec l’intention de restaurer son imaginaire pop et de nous donner un portrait du Pibe de oro pour ce qu’il a, après tout, toujours été : un subversif plus ou moins conscient, « un Lénine joyeux et surtout un bullshitteur qui, survolant toutes les parties ennuyeuses, va droit au but en une seule touche ou en une seule phrase ». En utilisant son héros comme un miroir borgésien, dans un jeu de références narratives qui, à la manière de Cortázar et Tarantino, dérègle toutes les coordonnées spatio-temporelles, Ciriello revit aussi sa propre histoire d’adolescent attendant de franchir la ligne d’ombre, dans une Naples suspendue entre le sac immobilier des années 80 et le printemps des années 90, qui a accueilli Maradona comme un fils inattendu, l’a adoré comme un amant capricieux et l’a protégé comme un père désormais étiolé. Obtenant en retour un bonheur encore inconnu et jamais retrouvé.