Michelangelo

Michelangelo est un corps à corps littéraire de trente ans avec la biographie, les créations et l’imaginaire de Buonarroti. Une œuvre composée d’œuvres : le résultat de la confrontation entre un écrivain et l’obsession artistique de sa vie. Parvenir à contenir avec des mots une figure telle que Michelangelo, vif et statuaire, lumineux et insaisissable, est en soi un projet impossible : ni la blancheur lisse de l’essai, ni la plasticité éclatante du roman ne peuvent y parvenir ; les témoignages lapidaires des archives ne peuvent pas non plus le restituer. Pour raconter Michel-Ange, la seule possibilité est de donner forme à un livre « michelangelesque », composé de pages élaborées et de notes, de documents et de fiction, de manuscrits catalogués et de dialogues inventés. Quelque chose qui ait en soi la résolution du Jugement dernier et les traits esquissés des Prigioni. Dans cet ouvrage monumental, Filippo Tuena concrétise cette ambition, en associant le roman sur les dernières années de l’artiste à l’hypothèse de son anorexie, ses lettres commentées au contraste entre ses mots et le silence de son contemporain Raphaël, le récit du grand échec du chantier de la Sagrestia Nuova dans la basilique San Lorenzo à la réflexion sur les « œuvres brisées » – les statues défigurées ou brisées et celles qui sont restées inachevées comme la Pietà Rondanini. Tuena nous guide dans une pérégrination flâneuse et personnelle à l’intérieur et autour du mythe de Michel-Ange, qui depuis plus de cinq cents ans continue de fasciner et d’enivrer le monde d’extase et de tourment, de désir et de génie, de rêve et de péché. Une œuvre titanesque, qui nous conduit à contempler l’immense ombre de Michel-Ange depuis un lieu hors du temps et de l’espace : le point où les mains du créateur et de la créature se touchent et où les choses finissent sans jamais vraiment finir.