Sgurbiol. Delle cose e del tempo di Lelia

Une « sgurbiol »: une petite fille, pas encore une femme, Lelia passe son enfance dans une ferme de la région de la « Bassa Modenese ». Les vaches laitières pour le parmesan, la métayage comme au XIXe siècle, l’eau du puits et le WC derrière la porcherie. Même les plus petits travaillent dans les champs, leur terreur sont les tourbillons du Panaro et la brigade noire qui vient piller la nuit. Peu d’école, surtout pour les filles, même après la fin de la guerre. Lelia souffre de son ignorance, lit Les Misérables à la lumière de la lampe à pétrole et étudie lors des réunions du parti. Les filles échangent leurs vêtements pour aller danser, mais la paix a du mal à s’installer. Les tirs continuent et les paysans et les ouvriers restent sur le terrain. Dans les usines, on a besoin de femmes pour les travaux de précision, Lelia et ses sœurs déménagent en ville pour travailler comme ouvrières. Elle subvient aux besoins de ses parents, travaille et devient chef de service ; elle tient bon au sein du syndicat, retourne à l’école, mais à l’usine, elle est toujours moins payée que ses collègues masculins. Ce sont des femmes et des hommes comme elle qui sont les artisans de nos libertés, de la paix et de notre bien-être. Lelia nous guide dans les méandres de la grande histoire, sur laquelle elle ne laissera qu’une légère empreinte : la matrice de l’histoire minuscule dont nous sommes tous issus.