Castro

Ni icône marxiste, ni fruit de la guerre froide : Fidel Castro, le dernier Roi catholique, est l’héritier le plus cohérent de la chrétienté hispanique en Amérique latine à l’heure actuelle. Galicien et cubain, jésuite et communiste, sa parabole humaine et politique constitue le prolongement idéal de la lutte éternelle de l’Espagne catholique contre l’illuminisme d’abord, puis la modernité libérale ensuite, descendants directs du monde protestant.
Sa biographie, sa formation, son univers moral, son imaginaire politique et social, son régime, expriment la conception organique du monde typique de cet héritage ; sa haine viscérale à l’égard du libéralisme, de la démocratie représentative, des libertés individuelles, de l’économie de marché et des pays occidentaux en sont le corollaire naturel. Fidel Castro apparaît dans ce livre comme un leader plus religieux que politique ; comme le Roi et Pontife d’un ordre confessionnel qui unit ce que le libéralisme avait séparé : la politique et la religion, l’individu et la communauté, l’État et la société.
La nature totalitaire de son régime n’a pas imité celui des alliés socialistes, mais fut le fruit spontané de la matrice antilibérale du populisme d’Amérique latine : le phalangisme, le péronisme et le chavisme sont ses parents les plus proches. Son État fut un État éthique axé sur la catéchisation des fidèles et la conversion des infidèles avec la croix de sa foi et l’épée de ses armées. Son communisme est une utopie chrétienne, qui a atteint son point culminant avec l’invocation de l’union des chrétiens et des musulmans contre le péché libéral et capitaliste. Il avait promis la prospérité, il est mort en chantant les louanges de la pauvreté évangélique, fruit de ses désastres économiques.