Ferito a morte

L’histoire racontée dans Blessés à mort se déroule sur une période d’environ onze ans, depuis l’été 1943, lorsque, au cours d’un bombardement, le protagoniste Massimo De Luca rencontre Carla Boursier, jusqu’au jour de son départ pour Rome, au début de l’été 1954. Entre ces deux moments, le récit se développe en fragments et en flashs, tous présents et remémorés, chacun se référant à une année différente, bien qu’ils semblent tous être enfermés, comme par magie, dans l’espace d’une seule matinée : La pêche au harpon, l’ennui au Circolo Nautico, le déjeuner chez De Luca… Dans les trois derniers chapitres, on trouve une synthèse de tous les voyages ultérieurs de Massimo à Naples, des retours désenchantés à la ville qui « soit vous blesse à mort, soit vous endort, soit les deux à la fois » ; à la ville qui s’identifie à l’inaccessible Carla, à la mer, aux mythes de la jeunesse. Si, comme l’écrivait E.M. Forster, « le test final d’un roman sera l’affection que lui porteront les lecteurs », Blessé à mort a brillamment réussi ce test : défini par son auteur lui-même comme « pas facile », livre culte pour de nombreux critiques et écrivains, il a été et est aussi un livre populaire, aimé et lu, avec une grande adhésion sentimentale, par des lecteurs peu au fait des questions littéraires, mais qui y ont trouvé leur propre nostalgie d’un paradis perdu et d’un « jour parfait ». Un livre, en somme, d’initiation, de révélation et de découverte à la valeur universelle.