Luce. Una corrispondenza

Dans ses lettres, Nino écrit à Luce sur tout, lui raconte comment Kafka console une petite fille qui a perdu sa poupée dans le parc ou un livre dont le personnage principal n’est autorisé à écrire que des lettres qui ne sont pas d’amour, elle répond en évoquant son enfance heureuse avec sa grand-mère en Roumanie, lui parle du théâtre dans lequel elle incarne Pentesilea ou de son exposition photographique sur le visage absent, elle lui demande de la soutenir dans son déracinement. Au cœur de la correspondance se trouve le rejet du monde par Luce adolescente, une grève de la faim suivie d’une frénésie boulimique destructrice. Qu’ils parlent du membre fantôme, de psychologues félons ou d’un institut pour handicapés dont les pensionnaires sont assis devant un téléviseur muet, qu’ils évoquent la déportation de la famille Susman à Theresienstadt ou qu’ils racontent l’histoire d’une petite fille palestinienne, ces lettres sont empreintes de douceur. Un sentiment désincarné unit les deux correspondants par la parole. Roman du XXe siècle et de deux vies, Luce nous laisse un doute : à la recherche d’une correspondance avec sa propre féminité, Nino s’écrit-il à lui-même ?