Narrare. Tentativi di inventario

« RACONTER UNE HISTOIRE, VOILÀ CE QUE TU VOUDRAIS FAIRE. SAISIR UN ENSEMBLE DE CHOSES ET TOI-MÊME, PUIS LIER LE TOUT DANS UNE HISTOIRE COMME ON FAIT UN FAGOT DE BRANCHES ÉPARPILLÉES PAR TERRE, COMME LES SARMENTS DE VIGNE AU PRINTEMPS APRÈS LA TAILLE »
Pourquoi écrire ? Quelle impulsion pousse l’homme depuis des siècles à raconter des histoires ? C’est le point de départ de la réflexion de Franco Rella qui fait appel à l’ensemble des lectures accumulées au cours de sa vie et interpelle les auteurs qui l’ont le plus marqué. De Dante à Cavalcanti, de Shakespeare à Benjamin, en passant par Goethe, Kafka, Bataille et Roth, sans oublier les classiques grecs et latins, il n’y a pas de narrateur qui ne se soit pas posé la question et qui n’ait pas cherché à expliquer – et à s’expliquer – la réalité qui nous entoure. L’origine du besoin de raconter réside justement dans cette réalité, et ceux qui écrivent peuvent la manipuler, faire interpréter la partie du protagoniste à un personnage fictif, pour ensuite se rendre compte que le protagoniste absolu de la narration est la parole elle-même, seule défense que l’homme ait contre le mal, seule arme capable d’organiser l’image du monde et de la réalité, comme dans un inventaire idéal qui recueille toutes les expériences vécues. Ce mot que Pasolini suggérait d’utiliser avec prudence, qui par le seul fait qu’il porte en lui « une charge d’âme », légitime l’activité d’écriture tout aussi insensée.