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8 avril 2021

Gianni Rodari en traduction

Auteur:
Andrea Palermitano (Università degli Studi di Milano)

Dans le panorama littéraire italien, le cas de Gianni Rodari est particulier en ce qu’il constitue un cas rare d’auteur devenu célèbre dans son propre pays après avoir été traduit à l’étranger. Le biographe Marco Argilli parle « d’un effet de rebond », dû à l’énorme succès obtenu par Rodari en Union Soviétique. Dans le cours du temps, la fortune de sa production est allée crescendo et aujourd’hui ses œuvres sont traduites en cinquante-quatre langues dans cinquante-cinq pays. 

De Moscou à Shangaï

Les premières traductions de Rodari remontent à 1953 quand Le avventure di Cipollino et Il libro delle filastrocche – ses deux premiers livres sortis en Italie en 1951 – furent publiés respectivement en Bulgarie et en Union Soviétique et furent à l’origine du grand – et rapide – succès de Rodari dans les pays socialistes. L’auteur des premières traductions en russe est le poète Samuil Marshak – que Gor’kij appelait « le fondateur de la littérature soviétique pour les enfants ». C’est d’ailleurs à travers la langue russe que les œuvres de Rodari sont traduites en premier en Chine et en Mongolie (1954), puis, entre les années 1970 et 1980, dans les nombreuses langues des républiques soviétiques : ouzbek, altaï, kazakh, yakut, géorgien, azéri, tadjik, arménien et tatar. À ces langues, il faut ajouter le lituanien, l’ukrainien, l’estonien et le letton, qui témoignent d’un succès d’une grande portée qui a poussé les éditeurs soviétiques à proposer des tirages à des centaines de milliers d’exemplaires à chaque réédition. Le avventure di Cipollino, dont le protagoniste mène une révolte pacifique contre l’oppresseur, se révèlent être l’œuvre la plus populaire de Rodari. Elles sortent en 1954 en Pologne, en Allemagne de l’Est et en Tchécoslovaquie, puis en Hongrie, en Albanie et, enfin, en Yougoslavie – où elles sont traduites dans les différentes langues de la fédération. De fait, le reste de ses œuvres jouit d’une grande popularité, en particulier Gelsomino nel paese dei bugiardi (Benjamin au pays des menteurs), publié pour la première fois en URSS en 1963, et Il viaggio della freccia azzurra (La flèche d’azur), dont la première traduction sort en Pologne en 1955. 

Par delà le rideau de fer

La diffusion des œuvres de Rodari en Occident a lieu beaucoup plus tard que dans les Pays du rideau de fer. On note seulement deux éditions isolées des Avventure di Cipollino en France et au Japon en 1956. La situation change graduellement au cours des années 1960 avec la traduction en Allemagne Fédérale et au Royaume-Uni des Favole al telefono (Histoires au téléphone). Elle connaît un coup d’accélérateur dans les années 1980 grâce aux nombreuses traductions grecques, japonaises, françaises – ces dernières assurées en grande partie par Roger Salomon, un de ses traducteurs les plus fidèles – et surtout espagnoles auxquelles il faut ajouter des traductions en catalan, basque, galicien et asturien. Ce n’est pas pour rien que la première traduction de la Grammatica della fantasia (Grammaire de l’imagination) – l’unique œuvre théorique de Rodari – a été publiée en 1977 par un éditeur barcelonais avant même l’URSS. 

En 1970, Rodari remporte le prix international Hans Christian Andersen et, durant les années 1980, ses œuvres touchent de nouveaux pays : les Pays-Bas (Favole al telefono, 1983), le Portugal (Le avventure di Cipollino, 1984), l’Iran (La torta nel cielo, 1985), le Danemark et la Norvège (Grammatica della fantasia, 1987), la Suède (Grammatica della fantasia, 1988) et la Syrie (La torta nel cielo, 1989, première traduction en arabe).

À partir des années 1990

L’écroulement du système politique soviétique et des pays de l’Europe de l’Est a provoqué un changement géopolitique profond. Toutefois, les publications des œuvres de Rodari dans la Fédération de Russie n’ont pas connu de coup d’arrêt. Les lieux d’édition se multiplient depuis les années 1990, de Kaliningrad sur la mer baltique à Irkutsk en Sibérie. Dans les autres ex-pays socialistes, comme les pays baltes, la Biélorussie, la Slovaquie, la Slovénie, la Croatie et la République Tchèque, la diffusion des œuvres de Rodari a été plus lente mais pas moins constante. Ce phénomène atteste que le changement des conditions politiques n’a pas tari l’intérêt pour Rodari. Ce dernier est désormais solidement ancré dans le panorama international de la littérature pour enfants. La Grammatica della fantasia est le premier livre de Rodari édité au Brésil en 1982 et aux États Unis en 1995. Rodari commence à être publié en Amérique du Sud seulement après l’an 2000, en raison de sa réputation d’auteur idéologiquement connoté. Dans les dernières décennies, ses œuvres atteignent de nouveaux marchés éditoriaux comme la Thaïlande (Favole al telefono, 1992), la Corée du Sud (Favole al telefono, 1998), et le Vietnam (Le avventure di Cipollino, 2009). À la même période, les livres de Rodari commence à circuler à nouveau en Chine: après les premières traductions à partir du russe dans les années 1950 et la rupture sino-soviétique, de nouvelles traductions apparaissent au début des années 2000 et, en 2014, elles sont toutes réunies dans une collection intégralement dédiée a Rodari par l’éditeur pour enfants de la ligue de la jeunesse communiste chinoise. 

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