Il capitalismo e il sacro

Malgré les apparences, le capitalisme n’a pas éliminé le sacré dans le monde sécularisé. Il est lui-même devenu une religion, non seulement en Occident, mais désormais à l’échelle mondiale. Sa forme ultime, le néolibéralisme, est vénérée dans les pratiques quotidiennes de milliards de personnes, ses dogmes (consommation in primis, croissance illimitée, incitations, méritocratie, profit) sont paisiblement partagés, ses pasteurs (les managers) obéissants, ses pratiques sacrificielles acceptées comme inéluctables, ses communautés ecclésiales (les entreprises) désirées. La force culturelle du capitalisme actuel s’enracine dans la conscience au point de se configurer comme une expérience absolue et omniprésente. Luigino Bruni explore la combinaison profonde de l’économie et de la religion, du marché et de l’esprit, en montrant ses racines archaïques, ses contaminations historico-théologiques jusqu’aux résultats sophistiqués de la société postmoderne. Que doit dire et faire le christianisme face à cette nouvelle forme de sacré, devenue une véritable idolâtrie ? La foi biblique est bien consciente de ces dérives de l’homme, une tentation à laquelle elle a toujours été exposée. Mais elle connaît aussi l’inestimable charge anti-idolâtrie qui l’a toujours habitée et maintenue en vie. La miséricorde, le don, la gratuité sont ses caractéristiques les plus profondes, véritable antidote aux tendances destructrices d’une économie devenue idole.