L’architettura della città

Depuis sa première édition en 1966, L’architettura della città est le texte qui a le plus influencé la pensée urbanistique, en redonnant une place centrale à la grande question refoulée de la forme. Toute ville est une forme, et toute tentative de la comprendre uniquement à travers ses fonctions est vouée à l’échec. Dans la forme, la tradition montre sa capacité à changer et à perdurer dans le temps, et l’idée qu’une communauté se fait d’elle-même entre en résonance avec les besoins concrets auxquels elle est confrontée. L’architecture devient alors un acte collectif, où se rencontrent deux urgences humaines, l’intentionnalité esthétique et la nécessité de construire un environnement propice à la vie. Il ne s’agit pas d’une rencontre théorique, mais d’une alchimie qui génère des espaces concrets : des rues à parcourir, des bâtiments à habiter, des monuments où déposer son identité. Cette ville, si animée et si humaine, émerge du temps, grandit sur elle-même, acquiert une conscience et une mémoire, et constitue la scène où s’entrechoquent et se synthétisent des instances opposées : le particulier et l’universel, l’individuel et le collectif, la conception rationnelle et le lieu. Ce n’est qu’en embrassant la complexité de ce champ de force hétérogène qu’une approche architecturale à la fois esthétique et politique est possible. À travers une étude des villes idéales et des lieux réels – de Berlin à Stockholm, du forum de Rome au théâtre antique d’Arles devenu un quartier habité – Aldo Rossi construit un texte qui fait date dans la littérature sur l’urbanisme. L’architettura della città est un essai écrit avec la rigueur de la Renaissance et il est en même temps la déclaration poétique de l’un des architectes et intellectuels italiens les plus importants ; un livre qui s’ouvre à des interprétations toujours fécondes et nouvelles parce que, comme une symphonie ou un grand roman contemporain, il a la profondeur et le charme d’une œuvre ouverte.