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13 septembre 2021

Le livre italien en Finlande

Auteur:
Jemima Koukkunen, Institut culturel italien d'Helsinki

L’histoire des traductions littéraires en finnois commence au début du XIXe siècle, mais les premières œuvres traduites directement de l’italien ne sont sorties que vers la fin du XIXe siècle. Jusqu’en 1809, la Finlande faisait partie du Royaume de Suède, et la langue des classes cultivées, mais pas seulement, était le suédois, tandis que la majorité des personnes sans instruction s’exprimaient en finnois. Les traductions de langues étrangères ont largement contribué à l’accession du finnois au statut de langue littéraire.

Parmi les premières traductions figurent celles d’auteurs du XIXe siècle, tels que Foscolo, Pellico, De Amicis, Capuana, Giacosa, Serao et Verga, ou de grands classiques du passé, tels que La Divine Comédie et le Décaméron. Le poème de Dante a été publié en trois parties entre 1912 et 1914 dans une traduction du poète Eino Leino, le Décaméron en 1914 par l’écrivain Joel Lehtonen. Les deux œuvres ont ensuite été retraduites, le chef-d’œuvre de Boccace en 1947 par Ilmari Lahti et Vilho Hokkanen dans une traduction philologiquement correcte (la première traduction se limitait à une sélection de nouvelles sans la nouvelle-cadre, le préambule et l’introduction), et la Commedia par la poétesse Elina Vaara dans une version linguistiquement rajeunie en 1963.

Dans la seconde moitié du XXe siècle, après avoir traduit tant bien que mal les chefs-d’œuvre considérés comme essentiels, l’intérêt des éditeurs s’est déplacé de plus en plus vers les auteurs contemporains. À partir des années 1950, en particulier, les lecteurs finlandais ont pu faire connaissance avec des auteurs tels que Guareschi (le premier grand best-seller italien), Eco, Moravia, Calvino, Tabucchi, Buzzati, Pavese, Vittorini, Maraini et Morante.

Au cours des deux premières décennies du nouveau millénaire, les traductions de poésie ont été beaucoup plus nombreuses que par le passé. Le précurseur a été l’anthologie Italian runoutta 1900-luvulla. 33 runoilijaa – 120 runoa (Poésie italienne du XXe siècle. 33 poètes – 120 poèmes) (2004). Dans l’avant-propos, Rolando Pieraccini écrit, avec une fierté justifiée, qu’il se considère comme l’un des rares éditeurs qui opèrent uniquement pour des raisons culturelles. Son choix très personnel comprend des poètes célèbres et des noms moins connus. Parmi les traducteurs, il faut souligner le nom de Hannimari Heino, qui peut être considérée comme la meilleure traductrice de poésie italienne. Après avoir édité et traduit la plupart des poèmes du volume collectif Miten paljon teistä täältä näkyy : italialaista nykyrunoutta 1960-2000 (Quanto di voi di qui si vede : poésie italienne contemporaine 1960-2000) (2006), Heino a publié une anthologie de poèmes d’Eugenio Montale intitulée Tuo minulle auringonkukka (Apporte-moi le tournesol) (2018), qui a été accueillie avec enthousiasme par le public et lui a valu le prix Flaiano (section études de littérature italienne) (2019). (En 2011, le même prix a été décerné à Laura Lahdensuu pour sa traduction en finnois du Quer pasticciaccio brutto de Via Merulana de C. E. Gadda).

Comme dans de nombreux autres pays, même en Finlande Elena Ferrante est devenue un véritable cas littéraire qui lui a valu d’être considérée la représentante par excellence de la fiction italienne du troisième millénaire. Dans ce rôle, elle a remplacé Umberto Eco et Italo Calvino, les écrivains italiens préférés des Finlandais au cours des décennies précédentes. Ses premiers ouvrages, L’amore molesto (2005) et I giorni dell’abbandono (2004), publiés par deux petites maisons d’édition, sont passés presque inaperçus, tandis que la série connue en Finlande sous le nom de tétralogie napolitaine a connu un succès considérable. Les droits de la série ont été achetés par le plus grand éditeur du pays, WSOY. Pour se faire une idée de l’intérêt porté à cette auteure, il suffit de penser que dans les bibliothèques municipales d’Helsinki, en août 2020, toute personne souhaitant emprunter l’un des 155 exemplaires de La figlia oscura (2020) devait se résigner à être précédée par une file d’attente de 1084 autres lecteurs !

Avant le nouveau millénaire, le lecteur finlandais de polars ne connaissait que très peu les policiers italiens. Seuls deux titres étaient disponibles (La donna della domenica et A scopo di libidine), écrits par Fruttero et Lucentini (1974) et Felisatti et Pittorru (1975). En 2003, les premiers romans policiers et noirs italiens sont arrivés sur le marché du livre. Ce flux, qui se poursuit sans interruption avec au moins un ou deux titres par an, a commencé avec La forma dell’acqua d’Andrea Camilleri. En ce qui concerne les autres auteurs de polars, les choix des éditeurs finlandais récompensent la variété des décors (Florence, Pise, Bari, Bologne…) et permettent au lecteur de se faire une idée, inévitablement partielle, des différentes facettes de la littérature « policière » italienne.

Mais les nouveautés de ces vingt dernières années ne s’arrêtent pas là. Parmi les nombreuses traductions récentes figurent celles d’auteurs attendus depuis longtemps (Leopardi, Gadda, Primo Levi), des lauréats du prix Strega (2002, 2003, 2007, 2008 et 2017) ou du prix Campiello (1994, 2001, 2018). 

De temps en temps – heureusement d’ailleurs – des noms de classiques tels que Machiavel, Tommaso Campanella, Ruzante et Pirandello apparaissent sur les listes de livres nouveaux et réimprimés. Bien que, à partir des années 1970, les littératures européennes soient en concurrence non seulement entre elles mais aussi avec celles des autres continents, les traductions de l’italien n’ont pas diminué, au contraire. Alors que dans les années 1950 et 1960, trois ouvrages italiens étaient traduits en moyenne par an, ce rythme a augmenté au cours du troisième millénaire : aujourd’hui, au moins cinq nouveaux titres italiens arrivent en librairie chaque année.

 

Cet article résume l’étude d’Elina Suomela-Härmä (professeur émérite de philologie italienne, Université d’Helsinki), La Letteratura italiana in traduzione finnica (La littérature italienne en traduction finlandaise), à paraître dans la revue Filigrane, 2020, n° 2.

 

Appendice

Maison d’éditions et traducteurs : quelques noms

 

Maisons d’éditions:

Artemisia Edizioni (Cognetti, De Luca, Primo Levi, Maraini, Pasolini, Ranchetti, Scarpa)

Aula & Co (Natalia Ginzburg, Paolo Giordano, Mancuso) 

Bazar (Cognetti, Faletti, Postorino)

Impromptu (Magris, Mazzarioli, Pirandello, Verga)

Like (Catozzella, Primo Levi, Pasolini, Pirandello, Sgrena, Tabucchi) 

Otava (Ammaniti, Collodi, De Amicis, Geda, Fallaci, Morante, Tamaro)

Parkko kustannus (Montale)

Tammi (Calvino, Cappellani, Lahiri, Moravia, Sciascia, Tabucchi)

Vastapaino (Campanella, Pepicelli, Paolo Rossi)

WSOY (Baricco, Bassani, Camilleri, Eco, Ferrante, Flaiano, Fo, Paolo Giordano, Guareschi, Machiavelli, Magris, Manzoni, Mazzantini, Pavese, Pasolini, Pirandello, Saviano, Starnone, Ungaretti)

 

Traducteurs:

Berger, Martti (Gramsci, Pasolini, Ranchetti)

Heino, Hannimari (Baricco, Celati, Magris, Montale, Svevo, Ungaretti)

Kangas, Helinä (Calvino, Camilleri, Cappellani, Eco, Ferrante, Paolo Giordano, Lahiri, Mazzantini, Postorino)

Korhonen, Osmo (Caboni, Cognetti, Mazzariol)

Kortelainen, Juuso (Pirandello, Svevo, Tozzi, Verga)

Lahdensuu, Laura (Benni, Faletti, Gadda, Mancuso, Sapienza)

Nyström, Taru (Avallone, Catozzella, Cilento, Di Nicola – Musumeci, Ferrante, Mazzucco)

Rantanen, Leena (Buzzati, Pirandello, Tabucchi)

Suolahti, Elina (Baricco, Campanella, De Luca)

Taavitsainen-Petäjä, Leena (Ammaniti, Agnello Hornby, Eco, Enia, Faletti, Fo, Geda, Magris, Marani, Starnone, Tamaro)

Talvio, Lena (Campanella, Carofiglio, Gramsci, Pepicelli, Paolo Rossi, Marcello Simoni)

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