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17 mai 2021

Le métier d’agent littéraire a-t-il une dimension internationale?

Auteur:
Laura Pugno

Dans un monde de l’édition qui se globalise chaque jour davantage, le métier d’agent littéraire s’internationalise-t-il lui aussi ?

Nous savons qu’en Italie, la relation entre agent et auteur a mis plus de temps à se normaliser, contrairement à d’autres pays, notamment anglo-saxons. Aujourd’hui, cette relation professionnelle se limite-t-elle encore au cadre national et/ou linguistique, des ensembles qui ne coïncident pas complètement, ou est-ce qu’elle va dans d’autres directions ?

Dans cette enquête pour New Italian Books, nous avons interrogé des auteurs et des agents, pour constituer une mosaïque d’opinions et de points de vue, qui vont de « l’effet Ferrante » à des perspectives nouvelles.

Commençons par le mécanisme. Comme le raconte Maria Paola Romeo, de Grandi e Associati, agence historique de nombreux auteurs italiens, « ce sont les sous-agences étrangères qui apportent une dimension internationale aux agences en Italie et établissent avec elles des rapports de réciprocité, les agences italiennes devenant à leur tour des sous-agences de leur partenaire étranger. Cela concerne surtout les pays loin de l’Europe comme le Canada et l’Australie, ou des marchés particuliers comme la Chine, le Japon ou la Corée, où il faut tenir compte des barrières linguistiques. En Europe, ce n’est pas toujours indispensable. Le rôle des scouts littéraires et leurs recommandations sur les hot titles des maisons d’édition étrangères sont aussi fondamentaux. Même si évidemment la dynamique est différente, car le scout travaille pour l’éditeur, alors que le sous-agent travaille pour l’agence ».

Pour Claire Sabatié-Garat, directrice générale de The Italian Literary Agency (TILA), née en 2015 de la fusion de trois agences (ALI, l’agence la plus ancienne d’Italie, fondée en 1898 à Turin par Augusto Foà, la Luigi Bernabò e Associati et la Marco Vigevani e Associati), la relation entre agent et auteur porte toujours le poids « d’une dimension locale, car la connaissance profonde du marché national, des auteurs, des éditeurs et du milieu culturel est certes indispensable au succès d’un livre et d’un auteur, mais cela ne suffit plus. La dimension internationale est un facteur de succès toujours plus stratégique pour un livre, même dans son pays d’origine ; on travaille souvent sur les deux fronts en même temps pour tenter de créer des synergies à travers un réseau de contacts internationaux fait de correspondants, connaissances, traducteurs etc. La représentation des auteurs passe aussi par des initiatives culturelles dans les médias étrangers, et pas seulement pendant les périodes de promotion. » Maria Vittoria Puccetti, elle aussi chez TILA, évoque aussi l’impact qu’a eu – au bénéfice de l’image des écrivaines et écrivains italiens à l’étranger, surtout dans le marché nord-américain – « ce qu’on peut appeler l’effet Elena Ferrante. Nous nouons beaucoup de contacts avec les autres pays, même si représenter un auteur étranger depuis l’Italie fait figure d’exception. La relation passe plutôt de sous-agence à agence étrangère, comme c’est le cas pour des auteurs connus comme Jonathan Franzen, Paul Auster, ou certains nouveaux auteurs comme Amanda Gorman. » Chiara Piovan, toujours chez TILA, rappelle l’importance « dans les relations avec les intermédiaires en Europe mais aussi au Japon, en Corée, en Turquie, en Chine, de la redécouverte des classiques du XXème siècle ; un patrimoine italien conséquent, qui a été oublié pendant un certain temps, mais qu’il est maintenant possible de valoriser autrement grâce à la distance temporelle qui met en lumière les auteures et auteurs de manière différente. Certaines auteures, comme Natalia Ginzburg ou Elsa Morante, ont bénéficié elles aussi de l’effet Ferrante. L’exploit de L’amie prodigieuse a créé une tendance suscitant un intérêt inédit, et les traductrices américaines ont beaucoup œuvré à cette redécouverte de notre deuxième XXème siècle. Je dois dire que maintenant, on voit beaucoup plus d’auteurs italiens contemporains qui trouvent directement un agent international ». 

Évidemment, les auteurs italiens qui ont des activités à l’étranger ont été les premiers à suivre cette tendance, comme l’écrivain, journaliste et professeur à la New York University Film and Television Department Antonio Monda, directeur artistique de la Fête du Cinéma de Rome, qui appartient à l’une des agences internationales les plus connues, la Andrew Wylie Agency, implantée à New York et à Londres. « C’est grâce à mon agence, qui a une approche très dynamique et internationale, que j’ai été traduit dans 11 pays », explique Antonio Monda, en rappelant aussi que parmi les plumes de la Wylie « on trouve aussi bien les estates de classiques italiens comme Giorgio Bassani ou Giuseppe Tomasi di Lampedusa, que des auteurs de best-sellers d’envergure internationale comme Alessandro Baricco et Roberto Saviano.”

Née à Smyrne et ayant grandi à Milan, Ekin Oklap est agent au siège londonien de Wyle, mais aussi traductrice en anglais d’Orhan Pamuk, et candidate en 2016 au Man Booker International Prize. Elle explique à New Italian Books : « Malgré le fait que de nombreux écrivains soient représentés essentiellement par des agences nationales ou directement par leurs éditeurs, le métier d’agent littéraire a sans aucun doute une dimension internationale, qui est en train de s’accroître. La qualité d’un livre ne dépend pas de la langue dans laquelle il a été écrit ni du pays dans lequel il a été publié ; en tant qu’agents, nous avons le devoir d’œuvrer à ce que la meilleure littérature et la meilleure non-fiction – indépendamment de la nationalité des auteurs – soient lues et traduites dans le plus grand nombre de langues. »

Parmi les plus jeunes auteurs italiens de l’agence Wylie il y a Francesca Manfredi, diplômée de la « Scuola Holden » en 2014 et lauréate du Prix Campiello Opera Prima en 2017 avec le recueil de nouvelles Un buon posto dove stare (La nave di Teseo). Elle raconte son expérience : « Après mon diplôme j’étais restée à la Scuola Holden pour l’élaboration d’un projet. Andrew Wylie est venu donner un cours et il a accepté de lire les nouvelles de certains étudiants et jeunes diplômés de la Scuola Holden dans l’optique de les représenter, et j’ai été choisie. Wylie, qui lit l’italien, m’a mise en contact avec Ekin Oklap qui s’occupe de moi. J’ai beaucoup apprécié qu’ils répondent très rapidement et me donnent l’opportunité de participer à des foires internationales comme celles de Londres et de Francfort, confinement mis à part évidemment. Mon premier roman, L’impero della polvere (2019, La Nave di Teseo) est déjà sorti en France chez Laffont et aux États-Unis chez Norton. »

Il y a donc des auteurs italiens qui se font représenter par des agences étrangères. Certains de ces auteurs décident cependant de faire ensuite appel à des agences italiennes, comme Paolo Giordano, qui est passé de l’agence Wylie à la Monica Malatesta Agency, dont la fondatrice, Monica Malatesta, déclare à New Italian Books : « Beaucoup d’agences représentent soit des auteurs du pays (ou du milieu linguistique) où elles sont basées, soit des auteurs étrangers. Pour notre part, nous représentons – tant en Italie que dans le monde – uniquement des auteurs qui écrivent en italien. Cela est dû au fait que notre travail, ici à l’agence, est construit « sur mesure » pour chacun des auteurs que nous représentons : une grande attention aux détails – signe distinctif de la MalaTesta Lit. Ag. – qu’il serait impossible d’apporter avec autant de méticulosité à une variété de contextes dont on ne connaîtrait pas parfaitement tous les aspects. De notre point de vue, le marché éditorial italien et le marché éditorial international constituent, pour les livres traduit de l’italien, des contextes privilégiés. Pour diffuser les auteurs italiens à l’étranger, on établit un planning international, je pense notamment à la publication simultanée dans des dizaines de pays pendant le confinement de 2020, de Nel contagio de Paolo Giordano, lancé le même jour dans la presse italienne, française, allemande et espagnole, ou à l’élaboration d’une programmation internationale pour des auteurs comme Matteo Strukul, Paolo Cognetti, Marco Missiroli : l’agence italienne coordonne le travail entre les éditeurs des différents pays et l’Italie, selon un mode opératoire vertueux, facilité par la rapidité des échanges d’informations et les mises à jour en temps réel ».

Il y a ensuite des agences italiennes qui comptent parmi leurs clients des auteurs étrangers : c’est le cas de Fiammetta Biancatelli de Walkabout, qui fait partie d’ADALI, l’association des agents littéraires italiens, fondée en 2020. « Parmi nos auteurs, raconte Fiammetta Biancatelli, il y a Ersi Sotiropulos, très traduite, et dont la Grèce a proposé la candidature pour le Prix Nobel. Ersi écrit en grec et parle très bien l’italien. Nous nous sommes rencontrées quand j’étais attachée de presse éditoriale. Son éditeur en Grèce est Patakis, et pour elle, nous nous occupons surtout des relations avec l’étranger. C’est une auteure littéraire très aimée, qui a gagné à la fois le Prix National de littérature en Grèce, et le Prix National de la Critique. Burhan Sönmez est un autre auteur que nous représentons en Italie à travers son agent turque. Quand un de ses livres sort, nous travaillons à son lancement avec le bureau de presse et le directeur éditorial. Normalement, ce n’est pas une tâche dont s’occupe une sous-agence mais nous considérons Burhan Sönmez comme un de nos auteurs. Il y a au sein d’ADALI beaucoup d’agences qui s’occupent surtout de représenter d’autres catalogues ou d’autres agences, mais ce n’est pas le cas de Walkabout. Notre croissance ces dernières années a été constante et l’année de la pandémie s’est révélée être pour notre agence une année record. Malgré l’impossibilité de se rendre sur les salons, nos ventes à l’étranger n’ont pas diminué, notamment grâce au numérique et à la flambée des droits cinématographiques. Toujours en ce qui concerne l’étranger, nous avons des liens professionnels forts avec Jessica Craig de Craig Literary, agent littéraire américaine qui vit à Barcelone et a beaucoup d’auteurs venant d’Iran ou d’Afrique… Nous travaillons sur plusieurs de ses livres en Italie. Malgré tout, la plus grande partie de notre activité se concentre sur les auteurs italiens qui sont maintenant une centaine ».

Sandra Pareja Colantoni est née au Canada, a des origines italiennes et péruviennes, et vit à Barcelone où elle s’occupe de plusieurs auteures et auteurs italiens. Après huit années au sein de la grande maison d’édition espagnole Casanovas & Lynch, où elle était responsable des droits étrangers, elle est depuis 2020 un des agents de la maison américaine Massie & McQuilkin Literary Agents. Sandra Pareja : « le plus grand défi dans ma carrière professionnelle aujourd’hui est de représenter des auteurs de langues qui sont miennes comme l’italien, l’espagnol ou l’espagnol latino-américain, même si ma langue maternelle est l’anglais. Pendant des années, chez Casanovas & Lynch, j’ai géré les ventes des droits étrangers de grands auteurs comme Javier Marías, pour le monde entier. Il y a 20 ans, le milieu éditorial était peut-être plus atomisé : les éditeurs étrangers employaient des responsables de fiction étrangère spécialisés dans les différentes littératures, d’ailleurs dans de grandes maisons comme Gallimard il y en a encore, mais cela représente maintenant environ 5% des cas. Aujourd’hui, les responsables de fiction étrangère ont un regard transversal sur les littératures et cherchent des histoires intéressantes de manière tout aussi transversale. L’espagnol est une langue qui, en soi, contient d’autres langues, et pour moi, associer à la représentation d’auteurs italiens des auteurs espagnols ou latino-américains est un processus logique, favorisé aussi par les rencontres intéressantes que j’ai faites en Italie comme par exemple lors des éditions de « Tempo di Libri » auxquelles j’ai participé. Il n’est pas facile de trouver des écrivains, des livres et des œuvres qui donnent du sens au travail de l’agent ; du moins c’est comme ça que je vois les choses… parfois, l’agent doit penser comme un scout littéraire ou comme un éditeur. Je reçois souvent des demandes pour « la nouvelle Elena Ferrante » mais ce qui est intéressant c’est d’ouvrir de nouvelles voies. Les livres italiens qui sont de grands succès au niveau national – et c’est aussi valable pour les auteurs latino-américains – marchent aussi très bien à l’étranger. Il y a des points communs entre les écrivains italiens que je représente, ils dialoguent avec d’autres univers, ont un ressenti différent et peu ordinaire : peut-être parce qu’ils ont beaucoup voyagé, comme Giovanna Giordano, qui va être republiée chez Mondadori, ou parce que ce sont des italiens de l’étranger, comme Alessia Biasatto qui va débuter chez La Nave di Teseo. Voilà, on voit apparaître un filon littéraire nouveau, celui des italiens à l’étranger. En règle générale, mes auteurs ont une relation forte avec les autres littératures ; on pourrait les qualifier d’outsiders, mais dans un sens positif, car ce sont un peu des étrangers dans leur propre pays ». Parmi les auteures italiennes que représente Sandra Pareja il y a Viola Di Grado, qui a vécu longtemps au Japon et habite maintenant à Londres, et Claudia Durastanti, née à Brooklyn et traductrice d’Ocean Vuong et Donna Haraway. Claudia Durastanti : « j’ai choisi d’avoir un agent étranger capable de me lire en italien, sans filtres intermédiaires, dans une dimension un peu diastolique. Nous partageons le sens de l’ouverture mais aussi de l’enracinement, entre Europe et États-Unis. Cet effet-miroir a créé une grande harmonie entre nous, surtout par rapport au livre qui nous a fait nous rencontrer » ; le roman de Claudia Durastanti s’appelle justement La straniera (La nave di Teseo).

D’autres auteurs italiens comme Francesco Pacifico – auteur de Storia della mia purezza (Mondadori) et représenté par Anna Stein chez Curtis Brown – confirment l’importance du vécu personnel lorsque se pose la question de choisir un agent étranger. Francesco Pacifico : « lorsque je débutais comme écrivain, j’avais déjà fait le choix d’une approche différente, avec l’agent australienne Kylee Doust. Ce n’est pas de la xénophilie, c’est juste que j’aime être un peu suspendu entre différents univers. Dès 2008, j’ai commencé à passer un peu de temps à New York grâce à Martina Testa et Marco Cassini, alors chez Minimum Fax, et j’ai développé des relations avec la scène littéraire américaine. J’ai grandi en lisant la Lost Generation et la Beat Generation, ces écrivains qui étaient toujours en voyage à travers le monde… mon agent lit l’italien mais j’apprécie aussi le fait de pouvoir transmettre le sens et l’énergie de ce que j’écris dans une autre langue. Veronica Raimo, auteure de Miden (Mondadori), elle aussi représentée par Anna Stein, rejoint ce point de vue. « C’est justement le fait de prendre une certaine distance qui contribue à faire fonctionner la relation avec une agence étrangère, outre le type d’écrivains représentés. On crée ainsi un meilleur équilibre entre les dynamiques éditoriales et textuelles, et les parcours extra-éditoriaux, extratextuels. Pour mon agence, le travail des scouts littéraires, comme Rebecca Servadio » qui vit à Londres, est très important. (New Italian Books consacrera justement un approfondissement aux scouts littéraires).

Chiara Mezzalama vit elle aussi entre l’Italie et la France ; elle a raconté dans Il giardino persiano (E/O) son enfance en Iran où sa famille suit son père diplomate. En plus de son agent française Magalie Delobelle de So far so good, elle est suivie depuis peu par l’agent italienne Loredana Rotundo : « ma situation est stimulante et complexe, et crée des liens inédits. J’ai rencontré Magalie Delobelle au Salon du Livre de Paris où j’habite, et ce fut une rencontre très forte. Je venais de m’installer en France et elle venait d’ouvrir son agence ; de plus, je commençais tout juste à écrire en français. Être à mi-chemin entre deux pays est pour moi, et pour ma créativité, une approche gagnante ; il faut juste avoir un peu de patience. Par exemple, pour mon dernier roman, Dopo la pioggia, Magalie s’occupe du monde francophone et de la Scandinavie, et Loredana du reste du monde ; mais pour certains de mes projets en français, c’est l’inverse ».

Une autre italienne à l’étranger approfondit cette réflexion : Gaia Cangioli, qui est partie à Paris pour suivre des études de traduction et travaille depuis dans l’édition, tout en étant aussi chargée de cours à La Sorbonne. Elle a géré pendant quelques années l’agence Amaca avec Arianna Malacrida, et représente maintenant avec Ghirigori des artistes et des illustrateurs dont beaucoup d’italiens comme Manuele Fior et Elisa Talentino. Gaia Cangioli, qui s’occupe maintenant de représenter en Italie des éditeurs étrangers de différents pays comme l’Espagne, le Canada et les États-Unis, ainsi que des projets et textes d’éditeurs italiens pour la France, tire les conclusions suivantes : « Par rapport aux années précédentes, les maisons d’édition italiennes gèrent les droits étrangers avec davantage d’attention, et quand elles n’ont pas de service interne pour s’en occuper, comme c’est le cas pour les petits éditeurs, elles ont besoin d’une agence qui les représente à l’étranger. La participation de l’Italie à Livre Paris, avec des aides financières et de la visibilité, favorise l’émergence d’un mouvement et d’un intérêt, en Italie, pour le domaine linguistique de la francophonie. En France, l’italien est une langue qu’on a toujours traduite mais n’est pas parmi les plus traduites, vu que l’anglais se taille la part du lion. Cependant, l’énorme succès d’auteurs comme Roberto Saviano ou Elena Ferrante incite maintenant de nombreux éditeurs français à s’intéresser davantage à la fiction italienne. Même au niveau du grand public, on peut parler d’une nouvelle mode du roman italien, qui concerne surtout les sagas familiales et la littérature féminine, comme il y a eu celle du roman suédois. En outre, et surtout pour la fiction, il y a en France des traductrices et des traducteurs de très grande qualité, qui non seulement fournissent un énorme travail linguistique mais ont aussi des compétences métalittéraires et connaissent très bien les relations internationales et les mécanismes éditoriaux ; ils sont souvent associés au travail des agences, et à l’origine de nouvelles traductions et de nouveaux projets. Par expérience personnelle, il est plus difficile de vendre des œuvres de non-fiction ou des essais, surtout s’ils viennent de petites maisons d’édition indépendantes. Ce sont les grands noms, l’autorité des parcours universitaires qui comptent, et il est plus difficile de trouver de bons traducteurs car la fiction et le roman attirent davantage. »

Dans cet élargissement d’horizons, de nouvelles perspectives arrivent non seulement des relations avec l’étranger mais aussi de la cross-médialité et transmédialité des récits des auteurs italiens d’aujourd’hui ; nous approfondissons cela avec Chiara Melloni et Irene Pepiciello, de S &P Literary, la branche littéraire du groupe Sosia&Pistoia, agence historique du monde du spectacle qui depuis quelques années a étendu ses activités au secteur littéraire avec des auteurs comme Teresa Ciabatti, Paolo di Paolo, Jonathan Bazzi ou Chiara Tagliaferri. Formées dans le milieu éditorial, entre Enaudi et des maisons d’édition indépendantes, Chiara Melloni et Irene Pepiciello travaillent en binôme, et se partagent l’Italie et l’étranger. La stratégie de l’agence est de ne représenter que des auteurs italiens. Chiara Melloni : « Chez S&P nous avons un système de sous-agences, avec ou sans exclusivité, même pour un seul livre, ce qui nous permet de nous concentrer sur chaque pays, alors que pour des marchés particuliers comme la Chine, nous avons des relations durables avec des sous-agences partenaires. Les nouveaux développements transmédiaux sont comme une voie rapide pour l’étranger. Dans ce contexte, les scouts littéraires qui commencent à suivre de près les productions cinématographiques, jouent un rôle important car ils peuvent unir différents univers. Si un livre est intéressant, les recommandations se multiplient, et les circuits se coordonnent. Le travail des scouts est en plein essor dans les secteurs de l’édition et du cinéma ». Irene Pepiciello le confirme : « Aujourd’hui, de plus en plus de projets se créent en dialoguant avec les auteurs ; on choisit ensuite les supports sur lesquels on les déclinera, que ce soit papier, audio ou vidéo. Un livre, avant de devenir livre, peut naître comme un projet de série télévisée, à la demande des producteurs eux-mêmes. Il y a une succession de flux croisés. Cela aide à avoir davantage d’attractivité, de vitalité et de croissance sur le panorama international. C’est une période très intéressante pour travailler dans l’édition », conclut-elle.

De ces différents points de vue, il apparaît ainsi que l’année terrible de la pandémie a été, pour le secteur de l’édition italienne et de nombreuses agences littéraires, un moment de crise, mais aussi – sans rhétorique et en connaissance des difficultés rencontrées – une source de réelles opportunités. Notre souhait est bien sûr que cette tendance se poursuive.

 

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