Vite senza fine

Gio Magnasco, encore jeune garçon au seuil du vingtième siècle, joue avec un clou et une rondelle. C’est un signe du destin qui l’attend : il deviendra un magicien de la quincaillerie. Gio Magnasco est un homo faber (« homme fabricant ») : il porte en lui le mythe de la rationalité et du progrès. Mais il porte aussi en lui une profonde mélancolie, un sentiment de nostalgie qui ne pourra jamais être comblé. Comme son amour pour la fille de l’armateur Perrone, qui durera toute sa vie mais restera presque toujours confiné dans ses propres pensées. Gio Magnasco relie les contraires et les rend complémentaires, comme les clés et les serrures, comme les chevilles mâles et femelles. C’est pourquoi son étrange magasin vend des vis et des crochets, mais aussi des boutons, des lacets et des rubans : c’est le seul magasin de quincaillerie et de mercerie au monde. Comme il le dit lui-même, « j’aime assembler les choses et faire en sorte qu’elles restent ensemble