Entretien avec Alberto Ottieri, Président de la Fondation Umberto et Elisabetta Mauri

Dans le vaste panorama du monde italien de l’édition et du livre, l’École pour les libraires Umberto et Elisabetta Mauri, organisée par la Fondation du même nom, représente une réalité particulière. Pour newitalianbooks, nous avons interviewé son président, Alberto Ottieri, en mettant l’accent sur les activités des librairies italiennes à l’étranger.

Comment décririez-vous les activités et les initiatives de l’École pour les libraires Umberto et Elisabetta Mauri aux lecteurs de newitalianbooks à l’étranger ?

L’École pour les libraires Umberto et Elisabetta Mauri a été fondée il y a 41 ans en tant que séminaire avancé sur la gestion des librairies pour les libraires expérimentés ou les libraires souhaitant en savoir plus sur les aspects économiques et financiers de la gestion. Avec motivation, passion et curiosité pour le monde du livre, sans lequel on ne peut être libraire, les participants étudient des sujets tels que le marketing, le service à la clientèle, l’assortiment, les réseaux sociaux et la gestion du personnel. Ils apprennent les outils nécessaires pour être compétitifs sur un marché plus sélectif. Aujourd’hui, en Italie, les librairies indépendantes représentent 16 % du marché et sont en concurrence avec les chaînes de librairies, mais surtout avec le commerce électronique, un canal qui s’est considérablement développé ces dernières années. L’école s’articule autour d’un séminaire de formation avancée de cinq jours à Venise, à la Fondation Cini, à la fin du mois de janvier, et de cours d’une durée d’un ou deux jours, de mars à avril, à la Triennale de Milan. Les cours s’adressent aussi bien aux libraires indépendants qu’aux libraires franchisés ou aux chaînes de librairies, qui partagent ainsi leur expérience et leur professionnalisme. Les conférenciers sont principalement des exploitants de librairies, des professeurs d’université et des conférenciers nationaux et internationaux experts en gestion de librairies.

Quelles sont les opportunités et les défis que les librairies italiennes ont en commun et qui les différencient des librairies italiennes à l’étranger ?

Dans le monde du livre, la langue et les traditions d’un pays ont de fortes racines, qui doivent également être interprétées et assimilées par ceux qui gèrent ou ouvrent une librairie. Si les techniques de gestion d’un point de vente sont les mêmes partout où il y a une librairie, l’assortiment et la capacité à créer sa propre identité, surtout dans un pays étranger, changent beaucoup par rapport à la gestion d’une librairie italienne. L’opportunité et le défi seront de pouvoir interpréter les demandes des lecteurs avec une connaissance approfondie de la réalité qui les entoure, en s’adaptant à un niveau de service qui peut varier d’un pays à l’autre. Le livre italien à l’étranger est généralement comparable à une forte spécialisation et exige une grande capacité à établir des relations et des contacts, non seulement avec les lecteurs privés, mais aussi avec le monde des entreprises et des institutions.

En janvier dernier, a eu lieu la 41e édition du séminaire de formation avancée de l’École, destiné aux libraires professionnels. Parmi les thèmes abordés, les scénarios économiques du marché, l’intelligence artificielle, les nouveaux développements de l’édition numérique, la lecture et la fidélisation des jeunes générations. Quelles conclusions ont été tirées et quels souhaits pour l’avenir ?

Depuis la pandémie, le monde du livre et de la librairie a connu une révolution copernicienne où les lecteurs en général ont redécouvert ou découvert le livre physique et de nouveaux contenus tels que les romans d’amour, les bandes dessinées, les mangas, voire les classiques, grâce à l’utilisation des réseaux sociaux (TikTok surtout) et à leur viralité. Dans ce nouveau monde, le libraire et la librairie se sont retrouvés au centre d’un nouvel intérêt, élargi au-delà de l’espace physique de la librairie vers les jeunes et moins jeunes lecteurs et leur recherche de repères. Le numérique a donné un nouveau rôle au livre physique, la conjonction des jeunes, du numérique et des librairies offre l’espoir que les nouvelles générations redécouvriront leur passion pour les livres physiques et leurs histoires, plutôt que pour les jeux vidéo ou les séries télévisées. Une nouvelle génération de lecteurs est prête à être servie par une nouvelle génération de libraires. À la froideur du commerce électronique, la librairie répond par la compétence et la passion du libraire.