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28 mars 2024

Entretien avec Rocco Femia, fondateur et directeur du magazine bilingue Radici, la revue pour les passionnés d’Italie

Auteur:
Paolo Grossi

Rocco Femia, éditeur et journaliste, a fait des études de droit en Italie puis s’est installé en France où il vit depuis plus de trente ans. Il est fondateur et directeur du magazine bilingue Radici. Il a à son actif plusieurs publications et de nombreuses collaborations avec des journaux italiens et français. Il est producteur de spectacles musicaux basés sur des thématiques culturelles consacrées à l’Italie tels que Italiens, quand les émigrés c’était nous ; Les Ritals ; Et si on chantait la paix ; La Lettre.

 

 

Qu’est-ce que Radici et quel a été l’itinéraire professionnel qui vous a amené à créer et à diriger ce magazine ?

 

Je suis né en Calabre où j’ai vécu jusqu’à l’âge de 18 ans. J’ai fait des études de droit dans les Pouilles à Bari. L’écriture est une passion qui m’a toujours accompagné et, après diverses expériences professionnelles et mon arrivé en France au milieu des années 1990, j’ai fondé la revue Radici en 2002, avec l’ambition non seulement de cultiver la mémoire de ce passé italien en France, mais aussi et surtout d’être un vecteur de connaissance de la langue et la culture italienne d’aujourd’hui sous toutes ses facettes.

 

 

Votre activité ne se limite pas à la direction du magazine, mais s’investit également dans le domaine du théâtre…

En effet, celui de la production artistique c’est un autre volet important de notre activité culturelle. Nous avons produit des spectacles musicaux basés sur des thématiques culturelles consacrées à l’Italie tels que Italiens, quand les émigrés c’était nous, un hymne à al tolérance et à la fraternité à partir des plus beaux chants traditionnels et populaires consacrés à l’immense exode migratoire des Italiens dans le monde. Puis ce fut un hommage au cinéma italien avec Les inoubliables musiques du cinéma italien. Les plus grandes bandes originales de notre cinéma, interprétées en live par une orchestre, avec pour toile de fond des extraits de ces chefs d’œuvre du 7e art. Séquence par séquence, je partage récits et anecdotes pour un spectacle non seulement grandiose, émouvant, vivant mais aussi drôle et instructif. Inoubliable, en somme ! En 2018, j’ai créé Et si on chantait la paix ? prémonitoire hélas et de grande actualité. Un spectacle musical à partir des chansons d’auteurs italiens à texte, tels Fabrizio De André, Francesco Guccini, Ivano Fossati, Pierangelo Bertoli, Francesco De Gregori et d’autres. À la même époque a commencé l’aventure du théâtre avec Les Ritals, adaptation du livre de François Cavanna dans un seul en scène avec le comédien Bruno Putzulu. Une pièce qui a rencontré un succès phénoménal avec plus de 220 représentations.

Le dernier spectacle, en cour de création, est un co-production avec le Théâtre Le Grrranit – Scène nationale de Belfort : La lettre, une pièce écrite par Mario Putzulu, toujours avec le comédien Bruno Putzulu et dans laquelle je joue également ! Lorsque les frères Mario et Bruno Putzulu m’ont demandé de produire cette nouvelle pièce théâtrale, je me suis senti comme une terre intermédiaire entre deux âmes capturées à jamais par un amour infini pour la Sardaigne, la patrie de leur père. Rien de mieux pour un producteur qui a fait de l’Italie, de son histoire et de ses humeurs le sujet même de son travail.

 

Qui sont les lecteurs de Radici et quelles relations entretenez-vous avec eux ?

 

Il faut dire que la revue offre un regard unique sur l’actualité et la culture transalpines. C’est ce qui séduit son lectorat qui est constitué de passionnés d’Italie : certains sont d’anciens émigrés italiens, des descendants de la seconde ou troisième génération, mais plus largement les personnes qui lisent Radici aiment l’Italie, sa culture, sa façon de vivre, la langue. Les jeunes lecteurs sont de plus en plus nombreux et les professeurs enseignant l’italien au lycée utilisent volontiers nos articles avec leurs élèves. Nous avons des liens très forts avec nos lecteurs qui manifestent de l’engouement et sont très fidèles.

 

 

Radici est un magazine bilingue : pourquoi ce choix et comment est-il mis en pratique ?

 

La revue aborde des sujets très diversifiés : actualité, itinéraires de découverte des régions et des sites de la Péninsule, art, littérature, grandes figures italiennes, histoire, histoire de l’émigration, gastronomie, politique etc. Certains articles sont rédigés en français, d’autres en italien et ces derniers disposent d’un glossaire en marge de la page pour soutenir la lecture en italien. Nous proposons aussi la traduction de plusieurs articles en ligne via un QR code accompagnant le texte.

 

 

Quel espace Radici consacre-t-il à la promotion des livres italiens ?

 

Nous proposons régulièrement des interviews d’auteurs italiens, et nous avons également une rubrique Livres dans laquelle sont présentés dans chaque numéro six ouvrages ayant un lien avec l’Italie, que ce soit une traduction de l’italien ou un texte d’une auteur français.

 

 

Est-ce que vous avez envisagé d’être vous-même éditeur de livres italiens en français ?

 

En 2011, à l’occasion du 150e anniversaire de l’Unification de l’Italie, notre maison d’édition a consacré à l’émigration italienne l’un des ouvrages historiques les plus importants écrits ces dernières années sur l’émigration italienne dans le monde : Italiens 150 ans d’émigration en France et ailleurs. Ouvrage qui est de loin le livre le plus vendu de notre maison d’édition avec plus de quatre éditions. Nous avons édité d’autres ouvrages dont le thème est toujours lié à l’Italie bien sûr : Résistance italienne, Verdi, cinéma italien, témoignages de migration, etc. Et bientôt un roman de l’auteur-compositeur-interprète Pippo Pollina, L’Autre, qui a eu un grand succès en Italie, en Suisse germanophone et en Allemagne.

 

 

Pour conclure, pourriez-vous nous indiquer le titre d’un livre italien récent que vous souhaiteriez voir traduit en français ?

 

La liste serait trop longue. Mais nous sommes sur le point de conclure pour la traduction en français du dernier livre de Lorenzo Tosa, Vorrei chiederti di quel giorno (Rizzoli). C’est l’histoire de son père, qui s’est suicidé lorsque l’auteur du livre avais deux ans et demi. Mais c’est aussi l’histoire de la politique et de la protestation des années 1960 et 1970 et comment ces année-là ont fini par s’inscrire dans la trajectoire de l’impact des années 1980. C’est l’histoire d’un effondrement du moi et, en même temps, d’une génération, au moment où elle perd son innocence. De pères et de fils, de la santé mentale dont il faut s’occuper et des cicatrices et des murs qu’il est temps d’abattre.

 

 

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